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27 juin 2020

"La Bonne épouse" de Martin Provost

 

Voilà un vrai bon "feel good movie" à la française, vraiment drôle, bien joué, pas dénué de sens et de fonds et qui met vraiment la pêche. Pourtant, sur le papier cela sentait bon la caricature de la comédie bien franchouillarde : un scénario somme toute assez mince reposant sur une seule vraie idée que l'on pousse à l'extrême, un casting alléchant et au final un film qui tourne en rond après la première demie-heure.

Sauf que là on en est loin. D'abord parce que Martin Provost est un grand cinéaste et scénariste (l'auteur de "Séraphine" tout de même) et qu'il sait insuffler de la profondeur et de l'émotion à ses personnages, mais aussi parce qu'il a des choses à dire sur le monde et particulièrement sur les combats féminins, le sujet du film. 

De fait, l'histoire est simple. Jusqu'à la fin des années 60, il y avait en France des centaines d'écoles ménagères où l'on apprenait aux jeunes filles à se comporter en femme, épouse et mère modèle, c'est à dire entièrement soumise à la volonté de l'époux. L'institution que dirigent Robert et Paulette van der Beck en Alsace est l'une de ces écoles où le temps semble s'être arrêté. Cependant, deux évènements vont venir perturber le bon déroulement des choses et ébranler leurs certitudes. La mort subite de Robert, laissant Paulette, Gilberte sa belle-soeur et Marie-Thérèse la religieuse qui officie dans l'école, seules aux manettes, puis l'approche de mai 68 et l'émancipation des femmes qui en suivra.

C'est dans sa dimension historique et géographique que le film de Martin Provost prend tout son sens. Le film se passe en Alsace, c'est tout sauf un hasard. Dans la france pré soixante-huitarde, c'est une des régions ou l'influence de la religion est la plus prégnante, où les coutumes et les idées conservatrices sont encore vivaces. Pourtant, même là, même dans le plus fermé des milieux, la révolution des moeurs et des mentalités va se faire, le choc entre tradition et modernisme va avoir lieu. C'est ce que montre Martin Provost avec énormément d'humour et de subtilité, en se moquant de ce monde d'avant complètement figé, mais en le respectant toujours.

Mais si le film est réussi, il le doit beaucoup à son casting. Certes, François Berléand et Edouard Baer sont parfaits dans des registres qui sont les leurs, mais c'est surtout le trio féminin qui est épatant. Yolande Moreau en vieille fille un peu simple mais au grand coeur est égale à elle-même, pleine de cette folie poétique qui la caractérise. Juliette Binoche, quand elle ne signe pas des pétitions et ne donne pas des leçons à la planète entière est l'une de nos plus grandes actrices, il lui suffit de peu de choses pour exprimer le doute, le trouble, la gêne. Et puis surtout il y a Noémie Lvovsky, incroyable, irrésistible en Soeur Marie-Thérèse, personnage haut en couleurs que l'on croirait directement inspiré de la bande-dessinée de Maëster, la bien-nommée "Soeur Marie-Thérèse des Batignolles".

Il faut absolument aller voir ce film. Sorti le 11 mars, il a été plombé par le confinement. Il a désormais droit à une seconde chance, ce serait vraiment dommage qu'il ne trouve pas son public.

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Commentaires
C
Je l'ai vu ce soir aussi et j'ai adoré. Et en effet, c'est Marie-Thérèse, la bonne sœur résistante qui fume et conduit qui est la plus extraordinaire. Binoche est méconnaissable au début, et plus elle se libère, plus on la reconnaît, c'est assez réussi...<br /> <br /> L'ensemble est parfaitement crédible, j'ai vraiment bien aimé ☺️
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