"Mo jodi" de Delgrès

Fin 2017, début 2018, débarquait sur la scène française un groupe incroyable qui faisait le pari d'un retour aux sources de la musique populaire, le blues. Ce groupe c'était Delgrés. Ils font du blues certes, mais pas n'importe quel blues, du blues créole, c'est à dire chanté en créole français. Une façon aussi de rappeler que le blues a quelque part lui aussi ses racines dans les Antilles françaises, avec les  esclaves émancipés au moment de la Révolution  et qui ont fui leut ile quand Napolèon l'a réintroduit et qui se sont réfugiés pour beaucoup en Louisiane.

D'ailleurs, le nom du groupe n'est pas dû au hasard. C'est un hommage à Louis Delgrès, fils d'un Blanc créole martiniquais né "libre de couleur", il fut colonel d'infanterie et fit en 1802 une proclamation anti-esclavagiste, acte de résistance à Napoléon. Voilà, le ton est donné, Delgrès est un groupe engagé contre le racisme.

Cependant, attention, il ne s'agit pas ici de politique mais bel et bien de musique, et là, les choix sont tranchés et assumés. La composition du groupe tout d'abord : un trio batterie, guitare, soubassophone. La présence de ce curieux instrument, le plus gros et le plus grave des cuivres est pour beaucoup dans la sonorité grave et profonde du groupe. Le blues ensuite, mais un blues qui puise son inspiration en Louisiane, aux rythmes lourds, intenses, sombres. La langue enfin, le choix n'est pas anodin, il fait raisonner un territoire, une culture, tout en l'inscrivant grâce au blues, à la fois dans le passé et dans la modernité.

Enfin, il faut dire un mot de Pascal Danaé, leader et chanteur du groupe. Né en banlieue parisienne il étudie la musique et part en 1997 vivre à Londres où il produira son premier album solo. C'est pendant ces 7 années passées outre-Manche qu'il fera des rencontres artistiques fondamentales : Gilberto Gil, Peter Gabriel, Youssou N'Dour. En 2009, il fonde avec deux autres musiciens un groupe qui fera date : Rivière noire.

Et pour le plaisir, une petite deuxième :