Richard Ferrand a une drôle de conception de la démocratie

C'est une toute petite anecdote, un rien du tout de quelques secondes qui ne changera pas la face du monde, mais qui en dit long sur la conception que certains se font de la démocratie et de la liberté d'opinion. En l'occurrence, il s'agit de Richard Ferrand, président de l'Assemblée Nationale, quatrième personnage de l'Etat, proche du Président de la République.

Voici les faits. Après le discours du Premier Ministre, les oppositions ont eu droit à un temps de parole pour donner leurs positions sur le plan de déconfinement du gouvernement et sur la situation actuelle. Pour le groupe La France Insoumise, c'est donc Jean-Luc Mélenchon qui est monté au perchoir pour un temps de parole limité à dix minutes (au passage, un démontage implacable de la politique du gouvernement dans cette crise). Lorsqu'on lui a signalé qu'il était trop long, Mr Mélenchon a répondu un bref "j'achève", ce qui lui a valu une cinglante réplique du Président de l'Assemblée Nationale : "C'est nous que vous achevez". 

Pas grand-chose me direz-vous. Certes ! D'ailleurs ni Jean-Luc Mélenchon ni aucun membre de la France Insoumise ne l'a relevé. Il faut cependant resituer le contexte : il s'agit ici d'un des moments les plus graves que notre pays ait à affronter depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C'est à ce moment précis qu'un des plus hauts personnages de l'Etat exprime son mépris envers l'un de ses principaux opposants.

Cela ne doit rien au hasard. Depuis 2017 et l'élection d'Emmanuel Macron, les corps intermédiaires sont ignorés, toutes les décisons sont prises en petit comités sans concertation, et le discours d'hier, pourtant si important, a été approuvé sans aucun débat, sans aucun amendement. On se serait cru en Russie. Alors, la petite phrase de Richard Ferrand n'est pas innocente, elle est l'émanation de quelqu'un qui se croit tout puissant, au-dessus des lois, détenteur de la vérité. Elle est surtout une preuve supplémentaire que notre démocratie est bien malade. (à visionner ci-dessous, à partie de la onzième minute).