Sous la pression, François Hollande annonce une loi sur les licenciements boursiers.

Entre salariés et patronat, pour savoir de quel côté penchent François Hollande et son gouvernement, il suffit de regarder l'ordre dans lequel les choses sont faites. Ce qui est venu en premier ce sont les gages donnés au patronat avec la loi dite de compétitivité. A cela c'est rajouté l'accord scélérat entre les organisations patronales et certains syndicats félons, qui fait entrer en force le flexibilité dans le droit du travail sans qu'aucune contrepartie digne de ce nom ne soit obtenue. Le plus fort, c'est qu'aucun de ces deux points ne figuraient dans le programme de François Hollande. S'il y était bien question de relancer le dialogue social, personne n'a jamais parlé de flexibilité ni de compétitivité pendant la campagne.

A l'inverse, l'engagement de faire voter une loi contre les licenciements boursiers figurait bien au programme de François Hollande. C'était la 35 ème des 60 promesses. Il a fallu des dizaines de plans sociaux, il a fallu que des milliers de salariés en colère se mobilisent un peu partout, il a fallu la crainte d'une explosion sociale d'ampleur pour que le président de la République daigne enfin envisager de tenir sa promesse. Et encore, il s'agit surtout de donner des gages à l'aile gauche du PS qui menace de ne pas voter la loi Sapin, celle qui va transcrire l'accord scélérat dont j'ai parlé plus haut. Précisons également qu'il s'agira d'une loi édulcorée, qui ne punira pas vraiment les entreprises qui licencient tout en faisant des bénéfices, mais les obligera à trouver un repreneur, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

Tout cela démontre une fois de plus que le citoyen n'a rien à attendre de la classe politique. C'est la peur de la rue qui contraint le gouvernement à bouger. Comme en 36, comme en 68, comme à chaque grande conquête sociale, seule la lutte permet de gagner. La seule différence entre la droite et la gauche socialiste, c'est que les seconds ont tendance à lâcher plus facilement.