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22 décembre 2012

Le Front National défend les ouvriers en leur tirant dans le dos.

Le FN se targue d'être le parti qui défend les ouvriers. Ses principaux dirigeants se gaussent en permanence de mots, rappelant sans cesse qu'un grand nombre d'ouvriers ont voté pour le FN aux dernières élections. Cela ne leur donne pas pour autant la légitimité de se proclamer défenseur des ouvriers. D'ailleurs, où sont-ils les dirigeants FN quand les salariés de Florange, Sanofi, Peugeot ou de bien autres entreprises sont dans la rue pour défendre leurs emplois et leur dignité. Nulle part ! On ne les voit pas et on les entend pas parce qu'ils ne sont pas crédibles sur ce sujet. Un petit évènement récent vient même rappeler le mépris qu'ont certains représentants du FN pour le monde ouvrier.

Tout le monde connaît désormais Edouard Martin, le syndicaliste CFDT de Florange qui a ému toute la France par ses larmes de déception et de colère à l'annonce du plan de sauvetage de Florange par le Premier Ministre. Je suis loin d'être en accord complet avec la stratègie et les positions de Mr Martin, mais reconnaissons au moins qu'il se bat de toutes ses forces avec courage et sincérité pour sauver son entreprise, les emplois, et aussi pour défendre une certaine idée de ce que doit être la politique industrielle de la France.

Mr Martin a accepté de recevoir une délégation du FN. Pourquoi pas, puisque d'autres partis politiques ont bien été reçus eux aussi, le FN représentant malheureusement plus de 20 % en Lorraine, cette entrevue n'est pas choquante. C'est un certain Fabien Engelmann qui est allé à cette rencontre. Mr Engelmann n'est pas inconnu. Syndicaliste CGT, il a été exclu de son syndicat lorsqu'il a voulu se présenter aux élections cantonales sous la bannière du FN. L'affaire avait fait grand bruit à l'époque.

Mr Engelmann, donc, qui je le rappelle une nouvelle fois milite dans un parti qui se veut le défenseur des ouvriers, a publié un communiqué à la suite de cet entretien (je n'en met pas le lien, pas question de faire de la pub au FN, mais si le coeur vous en dit, ça se trouve assez facilement). Dans ce communiqué, il parle de Mr Martin en ces termes, je cite : "un défenseur de la mondialisation et de l’immigration incontrôlée, d’un idéologue social-démocrate, d’un homme sectaire ne supportant aucune contradiction". Le titre du billet précise aussi qu'il est adepte de la pensée unique.

Mr Engelmann a une bien drôle de notion de la démocratie ouvrière, alors rappelons-lui quelques fondamentaux. Mr Edouard Martin est délégué syndical, ce qui veut dire qu'à la différence de Mr Engelmann, il a été élu et qu'il a toute légitimité pour parler au nom des ouvriers qu'il défend. Elu, certes, mais par l'ensemble des ouvriers, et donc parmi eux, il devait bien y en avoir quelques uns d'origine étrangère. Mr Martin défend donc les intérêts de tous ceux qui travaillent à Florange, sans aucune distinction, sans opposer les uns aux autres. Pour la gouverne de Mr Engelmann, lequel semble mélanger un peu toutes les choses, l'immigration n'est en rien responsable de la fermeture de Florange : il s'agit de la stratégie folle d'un industriel sans scrupule.

Il est reproché à Mr Martin de ne supporter aucune contradiction ? Mais depuis des années qu'il se bat pour la défense du site de Florange, il a fait depuis longtemps la preuve du contraire. Par contre, on peut se demander où était Mr Engelmann, et si en fin de compte, il ne s'adresse pas à lui-même ces reproches.

Il est quand même assez paradoxal de se vouloir défenseur du monde ouvrier, et de diviser la classe ouvrière ou de s'en prendre frontalement à ceux qui la représentent légalement et légitimement. Entre ceux qui Français et ceux qui ne le sont pas, entre ceux qui seraient de bons syndicalistes et ceux qui ne le seraient. Tous se battent pour la même cause, mais si leur combat est difficile et mal engagé, il n'a aucune chance d'être gagnant s'ils sont divisés de quelque manière que ce soit. Mais la victoire des salariés de Florange semble bien être le cadet des soucis de Mr Engelmann.

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