Pas d'accord à gauche pour les législatives : mais à quoi joue le PS ?

C'est donc une certitude, il n'y aura pas d'accord entre les socialistes, les écologistes et le Front de gauche pour les élections législatives.  Cet accord devait consister à ce que dans toutes les circonscriptions où il y a un risque fort qu'il n'y ait pas de candidat de gauche au second tour, il y ait une candidature unique face à la droite et le FN. Il aurait pourtant été salutaire et nécessaire. Salutaire car il aurait permis de limiter l'impact du FN dans ces élections. Nécessaire car il ne faut pas oublier que la finalité des cette élection est qu'il y ait plus de députés de droite que de gauche à l'Assemblée. Or, la droite vient de se voir offrir un cadeau de quelques dizaines de sièges qu'elle n'attendait pas.

Mais qui est donc responsable de ce fiasco ? En principe, lorsque des négaciations échouent, quelles qu'elles soient, on convient que les torts sont partagés. Pourtant, dès l'après-midi, la première secrètaire du parti socialiste s'est empressée de déclarer que la responsabilité incombait entièrement au Front de gauche, des dissenssions entre les partis qui composent cet alliage en seraient la cause.

Un désaccord entre le Parti de gauche et le Parti communiste ? Pourquoi pas, ce ne serait pas la première fois, et à chaque fois, cela a été surmonté. Sauf que j'ai eu beau cherché sur internet les déclarations des principaux dirigeants de ces partis, je n'ai pas trouvé le début du commencement d'une tension probable. Bizarre, non ? D'autant plus bizarre que le Parti de gauche, preuve de sa bonne volonté vient de retirer deux de ses candidats et que le PCF vient d'engager des négociations au niveau local. Les partis du Front de gauche ont donc conscience de l'enjeu.

Mais alors quid de l'attitude réelle du PS ? Il convient de la remettre dans le contexte particulier que nous connaissons, celui d'une première secrètaire aigrie de n'avoir pas été nommée premier ministre par un président de la République que pourtant elle déteste. Une première secrétaire dont la première réaction après l'annonce de sa non nomination à refuser l'investiture à plusieurs proches de François Hollande. Un première secrétaire qui, enfin, en 2008 s'était emparée du pari de façon illicite, et est coutumière du mensonge  et de la manipulation si on en croit tout ce qui est rapporté sur elle, notamment dans le Canard enchaîné.

Une fois tout ceci rappelé, les questions se bousculent. Quelle est la part de responsabilité réelle du PS et de Mme Aubry dans cet échec ? Mme Aubry n'est-elle pas celle qui a le plus d'intérêt à ce que le gouvernement Ayrault échoue ? Enfin, où est l'intérêt général dans tout cela ?

Comments

[leunamme]

En ce qui concerne Martine Aubry, il ne faut jamais oublier deux choses : la première est la manière plus ou moins douteuse dont elle s'est emparée du parti. La seconde, c'est qu'elle est la dame des 35 heures. En principe, c'est un progrès, sauf que la façon dont cela a été négocié par Mme Aubry, cela a permis de faire rentrer la flexibilité dans le monde du travail, avec des pertes de salaires substantielles : une catastrophe pour le monde ouvrier.

[Annie]

en effet des tas de questions… mais bon nous sortons tous ou presque du PS on connait leur pratiques on sait pourquoi on est parti : pour les mêmes raisons. Voir le courant du non réduit à des postes sans pouvoir, je nous préfère en FdG.

J'ai lu (oublié où mais sur un site digne de croyance) que Hollande, lui, était pour un accord. Donc ça irait dans ton sens. Il (et ses copains) aurait laissé le pouvoir là à Aubry.

Sur Duflot pas idiot comme idée (j'ai jamais pu la voir en peinture cette fille). Qu'ils se fassent bouffer… on a tout à y gagner, ça a commencé…

En tout cas bravo au PC qui eux ont à perdre (dont besoin de sous).

oui Aubry a des pratiques non-honnêtes. Pourtant je lui garde mon estime (politique et de solidité), alors que Royal j'ai jamais pu la croire crédible.

malgré tout leurs calculs sont des plus dangereux : c'est ainsi (depuis années 80) qu'ils ont fait le FN. A leur aise.

[leunamme]

Le PS en faisant rentrer les écologistes au gouvernement tente de refaire le coup qu'ils ont fait avec le PC dans les années 80 : les phagocyter et brider leur liberté d'expression. ceci dit, avec eux cela ne devrait pas poser beaucoup de problèmes, tant ils ont une capacité à s'asseoir sur leurs convictions assez incroyable.

Avec le Front de gauche, les choses semblent différentes. Cette force, pour l'instant ne veut pas en rabattre sur ses idées. Elle est donc potentiellement gênante pour le PS. Une seule solution, leur donner le moins d'espace possible, le moins de visibilité : pour cela, il faut qu'ils aient peu de députés et surtout que le PS ait la majorité tout seul. L'intérêt de la gauche est donc d'empêcher ce scénario, puisqu'elle n'est jamais aussi forte que lorsque toutes ses composantes sont fortes.

[sylvie]

Le PS joue au con. Le FDG a proposé dès l'automne 2011 une discussion sur les circonscriptions "à risque" pour les législatives. Jamais eu de réponse. Pas plus, d'ailleurs, qu'à la proposition d'un débat entre Mélenchon et Hollande à la même époque, on (ne) se demande (pas) pourquoi…

Et maintenant que Hollande est élu :

http://www.francetv.fr/info/legislatives-le-front-de-gauche-dit-non-aux-accords-avec-le-ps-et-eelv_96605.html

Pas de problèmes donc entre PC et PG.

Par contre, les peaux de bananes au PS, cela ne fait que commencer, chassez le naturel, il revient au galop !

Quant à EELV, pieux silence pour écouter les dents de Duflot rayer le plancher… avec des écolos comme ça, la planète est tranquille !

[Jean Philippe]

C'est effectivement à se demander si le PS ne préfère pas courir le risque d'une minorité de gauche à l'Assemblée, plutôt que d'avoir un partenaire Front de Gauche trop encombrant.