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15 mai 2012

Jean-Luc Mélenchon est à Hénin-Beaumont pour donner une leçon de politique au FN... et au PS !

D'ici au premier tour des élections législatives, nul doute que l'on va beaucoup gloser sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont, dans la circonscription que vise Mme Le Pen. Que cela soit un coup médiatique destiné à faire parler de lui et du Front de Gauche dans une période qui lui est peu propice, c'est certain. Le personnage a beau vilipender à outrance les médias, il sait très bien jouer avec eux. Mais si sa présence dans le Nord n'était que cela, il n'y serait pas !

Mélenchon candidat à Hénin-Beaumont, c'est d'abord une question de logique, de cohérence. Nous sommes ici dans la droite ligne de ce qui a été dit et fait pendant toute la campagne. En premier lieu, faire en sorte que le Front de gauche redevienne la voix des classes populaires, des ouvriers, des sans-grades, comme l'était à sa grande époque le parti communiste français. Il faut donc repartir à la conquête de tous ceux qui se sont détournés de la gauche parce qu'ils se sont sentis trahis, leur montrer qu'il y a encore des gens dans ce pays qui n'ont pas tourné le dos à leurs convictions et qui savent que la lutte des classes ne s'est jamais arrêtée. Peut-il alors y avoir un meilleur symbole que cette partie du Pas-de-Calais ? C'est ici le berceau des luttes ouvrières, c'est dans ce coin qu'est né Maurice Thorez, l'emblèmatique dirigeant du PCF. C'est également là que l'on a le plus souffert des fermetures d'usines, des restructurations, du chômage. Et qui d'autre mieux que Mélenchon pouvait incarner cette reconquête ? Personne ou presque, parce que lorsque l'on se lance dans une telle tâche, il faut le meilleur, et à l'heure, pour la gauche radicale, la vraie gauche donc, il est le meilleur.

La vraie bataille, la vraie raison de sa présence dans le Nord est là, dans cette reconquête. Mais il faut être aveugle ou niais pour refuser l'évidence : défier Marine Le Pen sur ces terres qu'elle croit sienne est certainement une grande motivation pour Jean-Luc Mélenchon. Il ne s'agit pas d'aller faire le fierà bras face à l'hydre fasciste. Non, la démarche est plus subtile que cela, elle est d'abord politique. Aller sur le terrain, confronter les arguments, démontrer que les propositions du Fn ne sont que des chimères et qu'à l'opposé il existe des propositions, un chemin construit et réfléchi, porteur d'espérance, celui du Front de gauche.

Au Front National, officiellement, on traite par le mépris et l'indifférence, mais en coulisses, on panique. C'est le père Le Pen qui commence par l'insulte (merluchon, que c'est pauvre). C'est la fille Le Pen qui refuse de publier son agenda : elle a raison, maintenant elle a des gens en face d'elle, la campagne ne sera pas la promenade de santé qu'elle espérait. C'est qu'ils ont bien compris le danger. Même si, le vote utile aidant, le score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle n'a pas été celui qu'il espérait, celui-ci a été le seul à la faire vaciller durant toute la campagne, et à chaque fois sur le terrain des idées. Politiquement, il est crédible, c'est le problème du FN.

Mais, il y a une autre raison pour laquelle Mr Mélenchon est candidat dans le Pas-de-Calais, une raison moins mise en avant, et pourtant primordiale elle aussi : rappeler que lorsque l'on est élu de gauche, on doit être exemplaire, parce que l'on représente les aspirations du peuple. Il ne peut y avoir de place pour la magouille et les petites combines dans ce coin là de l'échiquier (dans les autres non plus, mais à gauche, encore moins). Ce n'est pas un hasard si avant Hénin-Beaumont, on avait parlé des Bouches-du-Rhône ou de l'Hérault comme point de chute pour Jean-Luc Mélenchon. Ces trois régions ont la particularité d'avoir un PS aux affaires englué dans les problèmes judiciaires. En ce présentant, dans la 11ème circonscription du Pas-de-calais, s'est aussi cela qu'il dénonce, et aussi la propension du PS à oublier les intérêts de ses électeurs.

On va donc beaucoup dire que Jean-Luc Mélenchon prend des risques inconsidérés, qu'il a beaucoup à perdre dans cette bataille. Ah bon ? quoi ? S'il gagne, il va s'ouvrir les portes de l'Assemblée National et s'offrir ainsi une tribune incroyable. Il aura aussi atteint une nouvelle dimension politique. S'il perd, il restera quand même aux yeux de l'opinion celui qui ose affronter le FN les armes à la main, son combat n'en sera que plus long, certes, mais il continuera. 

Par contre, il n'en est pas de même pour ses deux principaux adversaires. Quand Mme Le Pen avait fait le choix de s'implanter à Hénin-Beaumont, c'est bien parce qu'elle pensait qu'à plus ou moins long terme elle pourrait faire main basse sur la ville ou le poste de député. A priori, face à une droite inexistante dans la région et à un PS divisé et affaibli par les affaires, 2012 devait être logiquement son année. Mélenchon contrarie ses projets, et si elle devait être battue une fois de plus, c'est l'irrésistible ascension de la patronne du FN qui prendrait du plomb dans l'aile.

Pour elle, il y a bien péril en la demeure, mais pour le PS aussi. Il s'agit d'abord pour eux de conserver un siège dans ce qui est un de leurs principaux bastions. Et à l'heure ou l'un des leurs vient d'entrer à l'Elysée, il serait du plus mauvais effet que les affaires et les divisions soient sanctionnées dans les urnes.

C'est sûr, à Hénin-Beaumont, Jean-Luc Mélenchon n'est pas allé faire un show médiatique. Il est allé faire de la politique.

 

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