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8 mars 2011

L'élection présidentielle pose un vrai problème démocratique.

Le principe de base d'un régime démocratique, c'est que les citoyens puissent choisir leurs dirigeants certes, mais surtout qu'ils le fassent en fonction d'idées ou de propositions contradictoires. Bref, le choix de ceux qui nous dirigent doit en principe succédé à un débat d'idées. Il se trouve qu'en France ce débat n'a plus lieu depuis longtemps, et que le choix se fait sur la personnalité des candidats. La conséquence de tout cela est flagrante aujourd'hui avec Jean-Marie Le Pen au potentiel électoral évident mais limité à cause d'une image jugée trop sulfureuse, tandis que sa fille est donnée à voir comme plus consensuelle, plus diplomate. Ce n'est évidemment pas le cas, mais ce changement d'image permet de percer toutes les digues, puisqu'aujourd'hui le programme et les idées ne comptent plus. Qui aujourd'hui parmi les partisans de Mme Le Pen peut donner son programme économique, culturel ou social ?

Il faut se rappeler qu'au départ la constitution de la cinquième République ne prévoyait pas l'élection du président au suffrage universel. Cela avait pour conséquence de donner de vrais pouvoirs au parlement, qui est et devrait être le vrai centre décision, puisqu'il s'agit de représentants du peuple. Malheureusement, le général de Gaulle qui en plus d'avoir une haute idée de la France avait une haute idée de lui-même, a voulu rassembler les Français après les tourments de la guerre d'Algérie. C'est ainsi qu'est née l'élection présidentielle, conçue pour être le rapprochement entre un homme et un peuple. On le voit, dès le départ, il ne s'agit pas d'idées, encore moins d'idéologie, mais de la personnalité du chef.

Le système fonctionne très bien quand il oppose des personnes qui incarnent des projets, et que ces derniers sont très différents. Ce fut le cas jusqu'en 1981 où le projet de la gauche se voulait comme une rupture avec le capitalisme défendu par la droite et le centre. Mais depuis, PS et RPR (UMP aujourd'hui) ont conduit alternativement le pays, menant souvent les mêmes politiques, ce qui fait qu'aujourd'hui les deux se confondent. Or, dans un contexte de fort rejet du libéralisme, la montée du FN traduit non pas une montée de l'intolérance (c'est le cas aussi), mais une volonté de trouver une alternative qui n'existe plus.

L'élection présidentielle encourage les Français à se trouver un chef, et l'histoire à démontrer qu'ils aimaient être dirigés par des hommes forts. Mais surtout, le système a été encore plus perverti par la double bêtise commise par messieurs Jospin et Chirac, à savoir l'instauration du quinquennat et l'intervertion du calendrier qui place les législatives après les présidentielles.

 Jusqu'en 2002, le pouvoir législatif a fait office de contre pouvoir. Les modifications voulues par l'ancien président et l'ancien premier ministre ont affaibli considérablement le Parlement qui était le seul endroit où résidait un semblant de débat démocratique. Aujourd'hui, l'Assemblée Nationale n'est plus qu'une chambre d'enregistrement des lois, complètement aux ordres de la présidence de la République.

Il faut en finir avec l'élection présidentielle, il faut revenir à un pouvoir législatif fort, avec des députés élus à la proportionnelle afin qu'au moins une des assemblées soit plus ou moins représentative de la réalité sociale et politique de notre pays.

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Commentaires
L
Spacey,<br /> La personnalisation n'est pas forcément un problème en soi, si on a à la tête de l'Etat un homme (ou une femme) qui a une vision de l'avenir et de la cohésion de la nation. Quand ce n'est pas le cas, comme aujourd'hui, c'est la catastrophe. Comme les grands hommes ne se fabriquent pas sur demande, je pense qu'il faut en finir avec la présidentielle.<br /> <br /> Jean-Philippe,<br /> nous sommes bien d'accord sur l'essentiel, il faut changer de constitution, voire de République. A l'heure actuelle, seul Montebourg propose cela.
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J
Les problèmes que tu soulèves sont l'une des parties apparentes des problèmes démocratiques français.<br /> <br /> Il faudrait y ajouter le sens donné au mandat. Normalement, comme tu l'expliques, le mandat devrait être un contrat entre le peuple et une politique débattue et expliquée. Or, lorsqu'un politicien se fait élire, il s'estime propriétaire de son mandat, comme si ce dernier était un blanc-seing. Et face à la contestation lors de la mise en oeuvre du mandat, l'élu renvoie aux élections à venir.<br /> <br /> Le deuxième problème relève de la puissance du mandat. Les postes de pouvoirs sont détenus par des élus directs mais aussi par des élus indirects; Sénat, présidences de communautés de commune, présidences divers de syndicats inter-communaux, ... Souvent, on retrouve les mêmes. Il y a un renforcement des pouvoirs en peu de main, ce qui a une conséquence sur les élections à venir. En effet, lorsqu'un élu est multi-représentant, il bénéficie d'une couverture médiatique large car il est invité fréquemment au titre de l'une ou l'autre de ses fonctions. Il écrase médiatiquement tous les opposants potentiels.<br /> <br /> Le troisième problème provient des nombreux points de pouvoirs disséminés dans la société. Nous savons qu'il existe de puissants pouvoirs financiers, économiques, médiatiques, culturels, politiques. Nous savons aussi que des membres de ces réseaux transgressent la loi, se mettant alors en situation de "client" face à ceux qui détiennent des informations confidentielles. Les personnes détenant ces pouvoirs les utilisent dans leur seul intérêt, sans soucis de la volonté démocratique du peuple. Ce n'est que par la réduction de ces pouvoirs qu'une véritable démocratie peut émerger. <br /> <br /> Une nouvelle constitution, s'attachant à prendre en compte l'ensemble des carences démocratiques de notre pays, me semble nécessaire.
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S
Autant je suis d'accord avec vos billets précédents sur la responsabilité de la classe politique intégrale (pas que de l'UMP), je ne crois pas que la personnalisation de l'exécutif autour d'un homme (ou une femme) soit réellement un problème. Il faut cherpersonnaliser l'exécutif autour d'un homme. ET je ne vois pas bien en quoi cela constitue un problème. Je ne pense pas que ce soit un problème de système de représentation mais de fond. D'ailleurs, la désaffection des élections plaide pour cette idée que le système n'est pas en cause. Car les idées (ou l'absence d'idées) se retrouve assez facilement dans les décisions de l'exécutif ou les lois du législatif.
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