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26 janvier 2011

Nicolas Sarkozy récidive sur la récidive : mauvaise méthode, mauvaises solutions.

On nous avait pourtant vendu depuis des semaines que Nicolas Sarkozy avait changé, qu'il s'était représidentialisé, qu'il allait prendre de la hauteur, cesser d'intervenir sur tout, tout le temps. Il n'aura pas tenu bien longtemps. Au premier fait divers un peu marquant, paf ! il retombe dans ses travers. En visite à Saint-Nazaire pour lancer les projets éoliens off-shore, il n'a pas résisté. Il a profité du fait qu'un drame affreux touchant une jeune fille se soit déroulé à quelques kilomètres pour faire une de ses sorties tonitruantes dont il a l'habitude. Du coup, oublié l'éolien, qui pourtant revêt un choix qui nous concerne tous pour le futur.

Nicolas Sarkozy est assurément en campagne électorale, du coup, il retrouve la méthode qui a fait son succès : un fait divers, une intervention présidentielle musclée, une loi. Méthode catastrophique convenons-en, puisqu'elle consiste à surfer sur l'émotion et à légiférer dans l'urgence, au mépris de tout débat de fond et de toute concertation avec les professionnels. Peu importe, car ce qui est visé ici, ce n'est pas l'efficacité de la loi, encore moins sa pertinence, mais l'effet que la posture présidentielle aura sur l'opinion publique.

Sauf que cette fois-ci, ça coince. Toute une partie des parlementaires de droite ne veut plus de nouvelles lois, biens conscients que les Français sont las de la surenchère systèmatique et que ce qu'ils veulent, ce sont des résultats. Or, ceux-ci ne sont pas au rendez-vous, et il ne peut en être autrement, les textes de loi se succèdant les uns après les autres, sans qu'aucun bilan ne soit jamais fait. Parfois certains n'ont pas même le temps d'être appliqués.

L'autre raison qui explique les réticences de la majorité parlementaire vient non pas de la méthode, mais des solutions proposées pour lutter contre la récidive, solutions qui vont toujours dans la même direction, celles d'une plus grande fermeté envers les délinquants récidivistes. Or, ce qui apparaît clairement dans l'affaire malheureuse de la jeune Laetitia, c'est que l'arsenal répressif n'est pas seul en cause. Si on veut faire baisser le nombre de délinquants récidivistes, il existe des solutions qui sont à la portée du gouvernement et qui ne passent pas forcément par la loi.

Peu à peu, il est des choses qui apparaissent comme de plus en plus évidente. Par exemple, comment expliquer que les tribunaux soient de plus en plus débordés, que les juges chargés de l'application des peines aient de plus en plus de travail, de responsabilités, et que dans le même temps, pour des raisons budgètaires, leur nombre n'augmente. Dans le cas présent, le manque de moyens dûs à la politique de casse systèmatique de toute la fonction publique, voulue et menée par Mr Sarkozy, est à la source du dysfonctionnement qui a permis de laisser une personne multi récidiviste dans la nature sans aucun contrôle.

Si on laisse de côté ce fait divers pour élargir au problème de la récidive dans son entier, on s'aperçoit que le coeur du problème, ce sont les prisons françaises. En France, la prison est considérée trop souvent comme un lieu de punition, alors qu'elle devrait être le premier lieu de réinsertion. L'objectif n'est-il pas de faire en sorte que les personnes ne recommencent pas leurs forfaits ? Pourtant, dans notre pays, la promiscuité des lieux d'incarcération, leur vétusté, font que ce sont des endroits où l'on apprend à devenir un voyou plutot qu'à ne plus en être un. Or, si la France est montrée du doigt pour l'état lamentable de ses prisons, rien, absolument rien, n'est fait pour changer la donne.

Nicolas Sarkozy, en s'exprimant sur la récidive, a encore fait de petits moulinets avec ses bras. Même s'il était sincère, même s'il voulait réellement faire baisser le nombre de délinquants récidivistes et plus largement l'insécurité, son discours d'hier ne changerait rien. C'est la politique menée depuis 2002 qui va dans le mauvais sens, or, celle-ci, Nicolas Sarkozy ne la remet jamais en cause.

Sur le sujet :

Arnaud Mouillard ressort un discours de Nicolas Sarkozy datant de 2007, où celui-ci veut déjà mettre fin à la récidive.

Sur le web :

ici-berlin fait un parallèle entre les manifestations en Egypte et la demande faite à l'Allemagne de restitution du buste de Néfertiti.

dasola a aimé le film de Michael Hoffman sur Tolstoï.

K a vu un concert du jazzma Bojan Zulfikarpasic et a apprécié.

mon mulhouse rend hommage à Rosa Luxemburg, et en profite pour critiquer le PS.

a tort ou a raison est consternée par les nouvelles propositions du ministre de l'éducation.

jef recommande le manifeste d'économistes atterrés.

detours a tours invite à la défense de l'hopital public.

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Commentaires
S
Une des solutions, démagogique, brandie et agitée sous le nez des gogos et qui consisterait à mettre en place des jurés "populaires" en correctionnelle m'interpelle furieusement. Allons-nous, un de ces jours, devoir en France, comme aux Etats-Unis, élire des procureurs et des juges ? Cette dérive remet en cause et l'indépendance de la justice, gravée dans la constitution, et la sérénité du débat judiciaire qui se doit d'être un temps en dehors de la passion et de la pression.
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L
Annie, <br /> oui, je crois que 2011 sera l'année 1989 du monde arabe.<br /> <br /> Putt Bill,<br /> des fois, on peut être surpris. Qui en avril 68 pensait que àça bougerait ?<br /> <br /> Gballand,<br /> ben oui, on ne peut pas supprimer des postes et avoir une fonction publique de qualité.
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G
LE problème étant aussi que les conseillers d'insertion et de probation qui s'occupent des détenus sont tellement surchargés ( 100 dossiers pour chacun d'entre eux) qu'ils ne peuvent nullement les accompagner...<br /> Merci pour le lien.
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P
J'avoue avoir bien du mal à comprendre cette France... Je l'observe, guette sa réactivité... et rien!<br /> Pas l'ombre d'un spasme... Aphone, amorphe, apathique!
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A
tout ce qui se passe en France me semble vain depuis le début de la révolution en Tunisie et des manifs en Egypte. A chaque vision sur la télé j'en ai les larmes aux yeux, je pensais en faire un billet… tellement de parano anti-Arabe a envahi le monde depuis tant d'années…
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