Elu grâce à l'insécurité, Nicolas Sarkozy tombera par elle !
Désavoué dans les urnes, plombé dans les sondages, empêtré dans les affaires politico-financières, Nicolas Sarkozy n'a trouvé qu'un seul viatique pour se tirer d'affaire, le même qui l'avait porté à la présidence de la République : le thème très populiste de l'insécurité. De fait, depuis 3 semaines maintenant, chaque fait divers fait l'objet de déclarations de sa part ou de celle des leaders de la majorité, toujours plus virulentes, toujours plus guerrières, allant toujours dans le sens de moins de liberté et de plus de répression. De plus, au discours va-t-en guerre s'ajoute désormais une volonté manifeste de stigmatiser certaines catègories de population en fonction de leurs origines. Ce recours à des pratiques rappelant les heures les plus sombres de notre histoire a ému au-delà de nos frontières, et même l'ONU met en garde aujourd'hui l'Etat Français contre de telles dérives.
Pour autant, Nicolas Sarkozy se trompe ! Ce qui a fonctionné en 2002 et en 2007 ne peut pas marcher cette fois-ci. A moins de considérer les Français comme des imbèciles sans mémoire qui auraient oublié que celui qui s'insurge contre les violences dans notre société, est le même qui depuis 8 ans est censé lutter contre elles. A moins d'être aveugle et de croire que les Français ne font pas le lien entre l'insécurité et tous les autres maux sociaux qui gangrènent notre société. Soyons clair, Nicolas Sarkozy n'est pas naïf, il ne croit à aucun des deux postulats ci-dessus. S'il se lance aujourd'hui dans une nouvelle offensive sécuritaire, c'est tout simplement qu'implicitement il reconnaît son échec dans les domaines économiques et sociaux, et qu'il renonce sur ces sujets. Pour s'en sortir, il ne lui reste plus qu'à faire le gros dos et sortir ses muscles et l'artillerie lourde, du moins verbalement.
Qui peut croire un instant qu'une seule des mesures annoncées ces derniers jours, si tant est qu'elles soient applicables, sera d'une quelconque efficacité pour lutter contre contre la délinquance ? Personne évidemment ! D'ailleurs une majorité de Françaisjugent que jusqu'ici la politique sécuritaire de Mr Sarkozy a été inefficace, du moins si l'on en croit un sondage CSA publié dans Marianne.
Cette dérive qui vise à récupérer les voix du FN ne peut que renforcer ce dernier et affaiblir encore un peu plus l'UMP. D'abord parce qu'elle valide les discours des dirigeants d'extrême-droite et les rend donc audibles et crédibles, c'est donc toute la fragne radicale de l'UMP qui risque de faire défaut à la prochaine présidentielle. Mais pas seulement, puisqu'à lire Marianne une majorité des électeurs de droite regrettent la police de proximité mise en place par les socialistes et ne sont pas d'accords avec les suppressions de postes dans la police depuis 2007. La gauche, et notamment le PS a donc une vraie carte à jouer sur le terrain de la sécurité.
Ce qui se joue en ce moment, c'est bien plus qu'une dérive fascisante du pouvoir (ce qui est déjà pas mal), c'est la volonté de maintenir coûte que coûte une politique sociale injuste et inégalitaire qui ne profitent qu'à quelques-uns. Les discours sécuritaires de Mr Sarkozy ne sont qu'une autre facette de la lutte des classes.
sur le sujet :
didier fischer, élu PS arrive aux mêmes conclusions que moi, du moins en ce qui concerne 2012.
sur le web :
Petit billet de vachane pour rappeler qu'en Afrique aussi il y a une marée noire, et que personne n'en parle.
Jacques n'oublie pas de parler des retraites. Et c'est très bien.
jef revient sur un autre débat d'actualité, les salles de shoots, et l'attitude une fois de plus populiste du gouvernement.