Et si Sarkozy avait perdu la présidentielle pendant l'été 2010 ?
Je ne reviens pas aujourd'hui sur le caractère inique et dangereux des nouvelles propositions de la droite en matière de sécurité, nul doute qu'à partir de la rentrée, ces questions seront de nouveau à l'ordre du jour. Par contre, ce qui m'intéresse derrière ce débat, c'est la stratégie de Nicolas Sarkozy.
En mettant clairement le curseur à droite, en allant chasser sur le terrain idéologique de l'extrême-droitel'extrême-droite, Nicolas Sarkozy a trois objectifs : faire oublier l'affaire Woerth-BettancourtWoerth-Bettancourt, créer une diversion à la rentrée face au débat sur les retraites, et enfin récupérer une partie des voix lepénistes en vue de 2012.
Pour le premier point, on peut dire que c'est une réussite, qui devrait perdurer puisque le procureur est manifestement aux ordres du pouvoir et ne prendra visiblement pas la seule décision qui s'impose pourtant, nommer un juge d'instruction. A partir de là, on voit mal comment Mr Woerth pourrait être inquiété d'un point de vue juridique. Mais peu importe au final que les enquêtes aboutissent ou pas, le mal est fait et l'image du pouvoir est irrémédiablement écornée.
Pour le second, ce n'est pas un hasard si la discussion sur la déchéance de la Nationalité Française a été inscrite au Sénat le jour de la grande manifestation des syndicats. La volonté de faire diversion est claire. Peu sûr pourtant qu'elle fonctionne. Il me semble que le pouvoir sous-estime le sentiment de colère et d'injustice qui prévaut dans l'opinion.
Le troisième point enfin est limpide pour tout le monde, tant il correspond à la stratégie mise en place par la droite depuis 2002. C'est ce point évidemment qui m'intéresse le plus, car c'est je crois celui qui aura le plus de conséquences et qui constitue la plus grande erreur de la droite.
En durcissant le ton en matière sécuritaire, Nicolas Sarkozy prend un risque incroyable, celui de se couper de toute la frange républicaine de son électorat, qui de Juppé à Raffarin en passant par Villepin s'est peu fait entendre ces derniers jours, ce qui en soi est un désaveu pour le chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy oublie qu'à droite aussi il y a des Français qui ne se reconnaissent par dans un discours martial et stigmatisant.
Mais il prend aussi un autre risque, celui de ne pas récupérer de voix lepéniste, pire de lui en faire gagner. Car enfin, ce que fait Mr Sarkozy en ce moment consiste tout simplement à reconnaître son échec depuis depuis 8 ans et à admettre que l'extrême-droitel'extrême-droite avait raison. Par conséquent, seule la famille Le Pen peut se réjouir de ce week-end fatal pour les humanistes et les républicains.
Et la gauche dans tout cela ? Elle est montée au créneau bien sûr, mais la relative discrétion de Martine Aubry indique bien qu'elle se méfie de ce terrain sur lequel elle n'a rien a gagner, d'autant plus qu'elle sait pertinemment qu'une grande partie des propositions de la droite seront retoquées par la Conseil Constitutionnel. Elle préfére rester sur le terrain social qui est le sien et où l'attendent ses électeurs. Pour l'instant, elle ne perd rien.
Une gauche en position d'attente, une droite beaucoup plus divisée qu'il n'y paraît, un FN qui se renforce, la stratégie de Nicolas Sarkozy est difficilement compréhensible. Pour conclure ce billet, je renvoie à la lecture de l'article de Dominique Reynié sur le site du Monde. Directeur d'un think tank de droite, Mr Reynié ne fait pas partie de ma famille politique. Pourtant, lui aussi pense que la droite est proche du cataclysme.
Sur le sujet :
je mets en lien ce blog gauliste libre qui démontre bien que frange importante de la droite est en désaccord avec la stratègie du chef de l'Etat.