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24 juin 2010

Le gouvernement aurait tort de traiter par le mépris la journée du 24 juin.

Jusqu'ici l'attitude du gouvernement envers les partenaires syndicaux sur le dossier des retraites a été plus que scandaleuse : absence de concertation, calendrier très court et estival pour limiter les risques de contestation, et enfin des décisions prises bien avant l'annonce finale. Il faut rajouter que le jour de la plus grande manifestation de l'année (et quand même une des dix plus importante de ce pays depuis la guerre), le président de la République préfère s'occuper de football, comme si c'était la priorité des Français. Tout cela n'est que mépris pour les salariés. Comme est encore une marque de mépris le fait de la part du gouvernement de s'appuyer sur les chiffres de la police pour compter les manifestants. Ceux qui étaient à Paris et qui entendent parler de 47 000 manifestants rigolent doucement. Au vu de la foule, du parcours et du temps qu'il nous a fallu pour le faire (3h30 pour 5 kilomètres), c'est purement impossible. Gageons qu'à Marseille et dans les autres grandes villes, c'est le même sentiment qui domine.

Pour autant, messieurs Fillon, Sarkozy et Woerth auraient tort de persister dans ce comportement. Réussir une telle mobilisation fin juin en pleine Coupe du monde est un exploit. Le gouvernement le sait bien, lui qui a justement choisi le calendrier en ayant à l'esprit la difficulté qu'ont historiquement les syndicats pour mobiliser à cette période.

La mobilisation est forte, très forte. Mais ce n'est pas le seul fait marquant de cette journée. La diversité des personnes présentes était impressionnante. On était bien au-delà du cercle habituel des militants syndicaux et des bastions du service public. Les salariés du privé y étaient en masse, venant souvent d'entreprises où l'habitude n'est pas à la contestation. Les jeunes, choses surprenantes étaient présents. Peut-être pas aussi nombreux qu'on pourrait le souhaiter, mais bien plus que d'habitude. Tout cela signifie que les syndicats sont en train de gagner la bataille de l'opinion.

L'autre fait marque de la journée, c'est l'esprit de combativité que l'on pouvait sentir. J'ai fait beaucoup de manifestations, j'ai rarement senti autant d'envie d'en découdre, autant de colère. Pour la première on a pu entendre des "Sarko démission" durant tout le défilé. Il y a un vrai sentiment d'injustice, que personne, ni les syndicats, ni l'opposition, ni surtout le pouvoir ne devrait négliger.

Je ne suis pas devin, je ne sais pas ce qui se passera à la rentrée. Les deux mois d'été seront longs, et il est dans l'intérêt des travailleurs de ce pays que l'action syndicale se maintienne sous une forme ou une autre. Pour autant, le terreau est là et bien là pour un conflit de grande envergure. Et je suis d'accord avec Bernard Thibault, il y a des gouvernements tout aussi décidés que celui-là qui ont été obligés de reculer face à la pression sociale. Celui de Juppé en 1995, sur la question des retraites justement.

Sur le sujet :

slovar trouve qu'il s'agit d'un bon début et que le gouvernement a de quoi s'inquièter.

Sur le web :

dasola conseille la lecture de la trilogie d'une auteure norvégienne : Anne B. Ragde

jef s'intéresse au vocable "changement" et à ce qu'il signiie en politique.

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Commentaires
L
merci beaucoup, mais il me semble que nous sommes encore nombreux.
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A
Billet salutaire, en tout cas pour ce qui me concerne. Je commençais à me sentir vaguement découragée par le compte-rendu (officiel ?), j'ai même cru Calvi lorsqu'il a évoqué le "calme étonnant" des manifestants parisiens.<br /> <br /> A force d'entendre et de lire que les jeux sont faits, qu'il faudra de toute façon en passer par là, que le seul espoir des syndicats seraient d'obtenir quelque chose sur la pénibilité, que deux millions dans la rue suppose 58 millions qui ne protestent pas (...), il est facile de se sentir impuissant, jusqu'à renoncer d'avance aux prochaines luttes.<br /> <br /> Le matraquage est très efficace et si vos voix sont revigorantes il faut toujours aller les chercher...
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