Le Parti Communiste Français est désespérant !
Depuis 1983 et le tournant de la rigueur pris par le gouvernement socialiste de Pierre Mauroy, le PS a renoncé à changer la société en profondeur, il se contente désormais d'accompagner le capitalisme. On peut même dire que ces dernières années, certains dirigeants en ont même fait la promotion. On ne peut donc plus décemment considérer le PS comme un parti de gauche, du moins dans son sens originel, c'est à dire un parti de classe et de transformation radicale de la société.
La gauche, la vraie, celle qui n'a pas renoncé, et qui continue à se battre pour conserver les acquis sociaux et en réclamer d'autres, cette gauche, a longtemps été incarnée par le PCF et par les partis radicaux. Mais avec la chute du communisme en Europe de l'Est, le PCF s'est empêtré dans ses contradictions, incapable qu'il est de choisir entre la conservation de son idéal et sa transformation en parti de gouvernement, à l'instar de son allié PS. Les participations aux différents gouvernements socialistes n'ont rien apporté d'autres que des couleuvres à avaler et un affaiblissement électoral inexorable, entraînant un éclatement du vote de gauche radical et une marginalisation de ses différentes composantes.
Jusqu'en 2005 ! Cette année là, toute la gauche du PS, avec l'aide de certains socialistes décide de faire front commun pour voter non au référendum sur la constitution européenne. Le succès est au bout, et un véritable nouvel espoir se crée. Il sera de courte durée, puisque le PCF au mépris de ses partenaires fera tout pour imposer sa candidate. Au final, à la présidentielle de 2007 la gauche radicale est représentée par 5 candidats qui feront tous des scores marginaux.
Encore une fois, même s'il n'est pas le seul responsable de cette division, le PCF y a fortement contribué à cause de son incapacité à rompre avec son passé. Aujourd'hui, le PCF est un parti électoralement et financièrement exsangue mais qui possède encore une capacité d'influence avec ce qui lui reste de ses élus locaux. C'est pour cela qu'élections après élections il ne fait pas clairement le choix qui devrait être le sien et serait conforme avec son passé : celui d'une rupture avec le PS et avec la social-démocratie. Il ne le fait pas car il a besoin du soutien du PS lors des élections locales et législatives. Cet arrimage aux socialistes et le premier frein vers la constitution d'un nouveau parti radical qui reprendrait pour parti l'idéal communiste.
En 2009 et 2010, les lignes semblaient avoir bougé pour les élections européennes et régionales, avec l'apparition sur la scène politique du Parti de gauche et la création du Front de Gauche. Les scores obtenus ont été plus que raisonnables et source d'espoir. Mieux, aux élections régionales, pour l'opinion, c'est le NPA qui est apparu comme facteur de division. La dynamique enclenchée laisse libre champ à toutes les espérances pour 2012.
Las ! Depuis quelques semaines les signaux négatifs envoyés par le PCF se multiplient. En premier lieu, la direction du parti se raidi de plus en plus face aux ambitions de son partenaire Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, m^me si le personnage est peu enclin à la modestie, il est évident qu'il constitue la meilleure chance d'imposer au PS en 2012 une ligne politique plus à gauche. Ensuite, les démissions de personnalités importantes se multiplient (Patrick Braouezec, François Asensi, Pierre Zarka), témoignant d'un vrai malaise idéologique. Enfin, Marie-GeorgesMarie-Georges Buffet va céder son poste à la fin du mois. Normalement, c'est Pierre Laurent qui devrait lui succéder. Je n'ai rien contre ce brave homme, mais force est de reconnaître que plus lisse et moins charismatique, il n'y a pas.
Mais tout cela n'est rien face à la dernière déclaration de Mr Laurent. En effet, dans une tribune publiée dans l'Humanité mardi, celui qui devrait devenir secrétaire général envisage comme possible une participation du PCF aux primaires socialistes. La chose n'est pas décidée, certes, mais le simple fait qu'elle soit évoquée en dit long sur les errements de ce parti. Si tel était le cas, et que le parti de Maurice Thorez participait au simulacre de démocratie voulu par les socialistes, il se garantirait peut-être quelques places de députés ou de ministres, mais il mettrait fin au Front de gauche et à l'espoir qui va avec, et surtout, il tournerait le dos à toute son histoire. En effet, les primaires socialistes constituent un pas de géant vers la présidentialisationprésidentialisation et la bipolarisation de la politique française, deux choses que le PCF a toujours combattu depuis 1958 et son opposition à la Vème République. En acceptant de participer, il accepterait définitivement la personnalisation de la politique et renoncerait de facto au communisme.
Nous n'en sommes évidemment pas là. Il est clair que l'idéal communiste dans ce pays dépasse largement les 2 % du PCF, mais ce dernier doit maintenant clairement prendre le risque de perdre des élus et rompre définitivement avec la social-démocratie pour retrouver une assise populaire et vraie influence électoral.
Sur le web :
Jacques nous rappelle que la télévision publique est pitoyable et mauvaise quand elle sert la soupe à Poutine.
Le livraire défend le dernier livre de Lorrie Moore etdasola aime toujours autant Henning Mankell.