Et si Sarkozy n'avait pas l'intention de se représenter ?
Je sais, la question peut paraître incongrue tant le personnage nous est décrit (et parait) comme étant ambitieux et égocentrique. La fascination qu'exerce le pouvoir sur Mr Sarkozy ne devrait laisser aucun doute sur son éventuelle candidature à un second mandat. pourtant, il est des petits signes qui permettent de faire une autre lecture, laquelle si vous suivez mon raisonnement jusqu'au bout, n'est pas forcément plus réjouissante.
Tout d'abord, il faut partir de deux constat : le premier est que Nicolas Sarkozy est fasciné par l'argent et le pouvoir, le second que la politique n'est plus aujourd'hui le principal lieu d'exercice du pouvoir. Il se trouve qu'à plusieurs reprises, sous forme de plaisanterie, le président de la République a exprimé son souhait de s'orienter plus tard vers le milieu des affaires. Il est notable que le vrai pouvoir est aujourd'hui au main des multinationales, et qu'il a suffisamment d'entrées dans le milieu pour y faire carrière.
Partant de là, il faut regarder les principales mesures politiques prises par le gouvernement Fillon. Si on excepte les mesures populistes en matière sécuritaire, la quasi totalité des projets de Mr Sarkozy favorisent les milieux aisés et particulièrement les milieux d'affaires. Il y a le fameux bouclier fiscal évidemment, mais aussi la révision des 35 heures, les heures supplémentaires, les aides aux entreprises, le sauvetage des banques, sans oublier le projet de réforme de la justice qui permettrait à nombre de patrons ou de politiques de ne plus être inquiété dans les histoires d'abus de biens sociaux. Cela fait évidemment beaucoup et ce n'est pas fini. Jamais un gouvernement n'a aussi ostensiblement oeuvré du côté des puissants. Bien plus qu'un projet politique, c'est une idéologie que met en oeuvre Mr Sarkozy. Et c'est pour cela qu'il est là, du moins, c'est ce qu'attendent de lui les Bouygues, Bolloré, Arnault et autres.
Tout cela plaide plutôt dans le sens d'une nouvelle candidature en 2012. Sauf qu'en politique, la logique voudrait que le pouvoir nouvellement élu fasse passer ses réformes les plus impopulaires les premières années, puis ensuite colmate les brêches les deux ou trois années avant de tenter de se faire réélire. Or, Nicolas Sarkozy n'agit pas ainsi. On sait déjà qu'après les régionales qui seront probablement calamiteuses pour la droite, des projets particulièrement sensibles vont venir sur la table. Mr Sarkozy va repartir pour un second round de réformes. Les retraites évidemment, mais aussi la justice, sans compter que de nombreuses lois déjà votées vont rentrer en application.
cela ne colle pas avec l'image de quelqu'un qui aurait l'ambition de se représenter. Alors pourquoi ? Tout simplement parce qu'il travaille pour certaines personnes et entreprises et que son objectif et qu'en 2012 la révolution libérale soit devenue irréversible.
Oui, mais alors, on pourrait objecter qu'en 2012, la gauche aurait de fortes chances de remporter la mise. C'est vrai, et c'est bien là qu'est notre problème et la chance des capitalistes. De quelle gauche parlons-nousparlons-nous ? Du PS ? Mais à chaque fois qu'il est dans l'opposition ce parti pousse des cris d'effroi sur chaque réformes entreprises par la droite, mais une fois au pouvoir, il ne revient sur aucune d'entre elles. Quelles différences y a-t-il en matière économique entre Dominique Strauss Kahn ou Christine Lagarde ? Entre Manuel Valls ou François Fillon ? Aucunes ou si peu évidemment.
C'est parce qu'il que tout ce qui sera fait avant 2012 sera gravé dans le marbre définitivement que Sarkozy agit, et vite. Il sera peut-être de nouveau candidat, mais ce n'est pas l'essentiel pour lui, ce qui compte, c'est que la France de 2012 n'aura plus rien à voir avec celle de 2007. Peu importe que les socialistes fassent ensuite un intérim de 5 ans. Il pourra toujours se lancer et s'enrichir dans les affaires, il aura eu 5 ans pour s'y préparer et se faciliter la tâche.