Grève chez Total : le plus embêtant pour le pouvoir n'est pas forcément la pénurie d'essence.
Dans quelques mois, les travailleurs Français remercieront peut-être le PDG de Total, Mr De Margerie. En annonçant quasi simultanément des bénéfices importants pour son entreprise et la fermeture de la raffinerie de Dunkerque, il a déclenché un mouvement de colère important chez ses salariés, mais qui pourrait prendre une tournure qui dépasse l'entreprise.
Dans son souci d'apporter toujours plus de rentabilité à son entreprise, Mr de Margerie démontre une fois de plus à quel point il considère que les salariés de Total ne sont pour lui qu'une variable d'ajustement. De plus, en fermant les raffineries françaises (pour faire la même à moindre coût à l'étranger), il démontre le peu d'intérêt qu'il porte à la politique industrielle de son pays, pourtant tant vantée par notre président.
Sauf que cette fois-ci, les choses ne se passent pas comme prévu. Les salariés de Dunkerque se sont évidemment mis en grève, c'est logique. Mais, contrairement à tous les mouvements isolés qu'il y a eu ces derniers mois, la solidarité dans les autres sites du groupe joue cette fois-ci à fond, et c'est l'ensemble des raffineries du groupe qui sont à l'arrêt. Et comme cela ne suffit pas la CGT, à la pointe de cette colère menace d'étendre le mouvement aux autres entreprises du secteur, juste histoire de mettre le gouvernement devant ses responsabilités et de l'obliger à prendre les mesures nécessaires pour maintenir les emplois et les sites industriels dans ce pays.
Si cette solidarité prend effectivement corps, et qu'elle permet des avancées réelles pour les salariés de Total et d'ailleurs, il s'agira alors d'un signal important pour tout le monde ouvrier : un tel mouvement, qui touche plusieurs entreprises différentes est inédit depuis très longtemps.
On voit bien à terme les répercussions que cela pourrait avoir, et elles dépassent de loin une pénurie d'essence dans le pays (ce qui serait déjà beaucoup, et à titre personnel ne m'arrange pas, mais bon, il y a plus important dans la vie). La colère, le sentiment d'injustice, le désespoir, sont tellement grands dans ce pays depuis le début de la crise qu'une étincelle peut déclencher une vraie mobilisation, une de celles que ce pays aime se procurer à intervalles réguliers. Total pourrait être cette étincelle.
Certes, je ne suis pas devin, mais il me semble, au tout début de ce mouvement, que ce qui se joue là, est peut-être plus important qu'une simple menace de pénurie d'essence.