Le coup d'éclat de Vincent Peillon met en relief la soumission de la télévision publique au pouvoir.
Au départ, je n'ai pas compris l'attitude de Vincent Peillon. Accepter jusqu'au dernier moment d'aller débattre à la télévision, et le moment venu se défiler et demander la démission de la présentatrice, il faut avouer qu'à première vu, c'est pour le moins discourtois. Sauf qu'en y regardant de plus près, Vincent Peillon a utilisé la bonne méthode et surtout a atteint ses objectifs : dénoncer la façon dont est conduit le débat sur l'identité nationale, et mettre en lumière les liens entre la direction de France télévision et l'actuel pouvoir.
La volonté de Vincent Peillon était de faire un coup d'éclat, de faire en sorte que le débat entre Eric Besson et Marine Le Pen devienne secondaire, que les idées nauséabondes des deux personnages ne soient plus au centre des discussions. S'il avait simplement décliné l'invitation comme la politesse l'exigerait, il aurait été aussitôt remplacé, les volontaires pour venir grimacer en direct à la télévision ne manquent pas, et l'émission se serait déroulée normalement. Alors qu'au départ la vedette américaine devait être Marine Le Pen, Vincent Peillon a réussi à la faire passer au second plan. Surtout, grâce à lui, l'idée selon laquelle il y avait une autre perception de ce qu'est l'identité nationale a eu sa place dans une émission ou seules les idées réactionnaires des deux autres protagonistes devaient initialement se payer la part du lion.
Mais il ne faut pas oublier non plus les arrières-pensées d'une telle émission, et c'est là que le coup de Mr Peillon est juste et efficace. Aujourd'hui, je crois que plus personne ne peut penser que Mme Chabot ne roule pas pour le pouvoir en place. Cette soirée était organisée essentiellement pour essayer de sauver un ministre en grosse difficulté. Il s'agissait de permettre à Eric Besson, et au-delà à Nicolas Sarkozy, de démontrer qu'ils étaient bien les meilleurs pour lutter contre l'extrême-droitel'extrême-droite. La preuve devait en être ce débat avec Marine Le Pen ou Eric Besson devait normalement prendre le dessus. Le candidat socialiste arrivant naturellement en fin de soirée, pour faire démocratique, mais surtout à une heure où plus personne n'écoute. Las pour Mme Chabot, les choses ne se sont pas déroulées ainsi, le débat Besson Le Pen a fait un flop, et c'est bien du leader socialiste que l'on parle aujourd'hui, et au-delà d'une idée un peu plus ouverte et tolérante de l'idée nationale.
Quant au fait de demander la démission de Mme Chabot, elle n'est en rien choquante, mais au contraire logique. En tant que responsable du service politique d'une grande chaîne politique, elle est pour le moins censée faire preuve d'indépendance vis à vis du pouvoir. Or n'est-ce pas elle qui se faisait tancée publiquement par le chef d'Etat à New York il y a quelques mois ? N'est-ce pas elle qui au début de l'émission a interrogé Eric Besson pendant une heure sans aucune question dérangeante ? Pourtant dieu sait que l'action de ce ministre dérange, et pas seulement à gauche ! Non, Mme Chabot sert la soupe à Nicolas Sarkozy et à ses sbires, et si l'action de Vincent Peillon a pu servir à de=énoncer cela, c'est déjà ça.
Le dernier point positif de ce coup d'éclat; est qu'après le discours offensif de Martine Aubry lors de ses voeux à la presse, il se confirme enfin que l'opposition socialiste est de retour. Cela ne suffit pas, mais fait déjà du bien au moral.
On peut trouver un article très bien sur le sujet à cette adresse :
http://numberk.canalblog.com/archives/2010/01/16/16542364.html