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12 janvier 2010

Les Français rejettent l'ensemble de leurs élites.

Un nouveau baromètre de la confiance politique lancé par le CEVIPOF (Centre de Recherche politique de science-po) et réalisé par la SOFRES, confirme ce que tout le monde pressentait : la défiance des Français envers leur classe politique, qu'elle soit de droite ou de gauche atteint un niveau inquiétant. Les médias en ont parlé toute la journée d'hier, ce qu'ils ont simplement omis de préciser, c'est que les politiques ne sont pas les seuls à être rejetés, il s'agit de l'ensemble des élites de ce pays, journalistes et milieux économiques compris.

En ce qui concerne les politiques, le rejet ne date pas d'aujourd'hui, il était déjà inscrit dans les résultats du premier tour de la présidentielle de 2002. Le regain d'intérêt pour la chose publique constaté au moment de l'élection de 2007, ne doit pas leurrer, les Français restent un peuple politisé, mais qui n'en peut plus de ses dirigeants. Comment s'étonner que l'embellie de 2007 n'est pas durer, puisque ce qui était fondamentalement rejeté alors, c'était la politique économique d'inspiration libérale du gouvernement, politique qu'au nom de la rupture avec le passé, on continue de plus belle. Les Français ne sont pas dupes, et comme ils ne sentent aucune volonté, ni à gauche ni à droite, de rompre avec les choix qui nous ont menés aujourd'hui dans le mur, ils rejettent leur classe politique. Logique et sans surprise donc.

Tout aussi logique est le constat que les politiques dont les Français se sentent le plus proche, ce sont les élus locaux : maires, conseillers généraux, conseillers régionaux, voire députés. Normal, ce sont ceux qui prennent les décisions qui influent le plus sur le quotidien et dont le travail est le plus visible (au passage, cela confirme mon sentiment que mes compatriotes ne devraient pas bouder massivement le scrutin de mars). A contrario, les élus européens et nationaux (Premier ministre et président de la République) sont ceux envers lesquels il y a le plus de défiance. Il faut y voir le résultat de décisions prises à l'encontre de la volonté populaire et contre l'intérêt général, l'ouverture du capital de La Poste étant le meilleur exemple.

Mais c'est quand il s'agit d'ausculter la confiance envers les grandes organisations et institutions de ce pays que cette enquête devient instructive, et curieusement, c'est la partie dont la presse a le moins parlé. Que constate-t-on ? Que les partis politiques sont les organisations les plus rejetées, mais quasiment au même niveau, on trouve les médias. Autrement dit, les Français se méfient à la fois de ceux qui décident et de ceux qui nous informent sur les prises de décision. On voit bien qu'il y a un petit problème dans un pays qui se veut démocratique. Un problème, mais pas une surprise. Les gens de ce pays rejettent la politique de capitalisme libéral que l'on nous assène de force depuis des années. Or, la quasi totalité des médias, qui appartiennent à des grands groupes, relaient massivement cette politique. Cette distance entre les Français et leurs médias n'est pas nouvelle. En 2005, l'ensemble de la presse avait appelé à voter oui au référendum. On connaît le résultat. Pourtant, rien n'a changé, les mêmes qui défendaient hier une vision libérale de l'Europe, et s'en sont violemment pris ensuite aux Français quand ils ne les ont pas suivi, ceux là sont toujours en place.

Autre enseignement très significatif, les trois institutions envers lesquelles les Français ont confiance, sont le CNRS, les hôpitaux et l'école, et ce dans des proportions très élevées. Le point commun entre ces trois organisations, est qu'elles sont soumises à de vraies attaques en règles qui remettent en cause leur fonctionnement voire leur existence : réductions de budget, de personnels, modification en profondeur des missions. Là aussi, c'est un signe fort adressé à nos politiques, qu'il y a peu de chances qu'ils entendent. On voit bien ici, l'attachement viscéral des Français à leurs services publics. D'ailleurs, le corollaire de cela, est la défiance envers les grandes entreprises, dont les banques, nos compatriotes préférant les artisans et commerçants locaux. Là aussi, un signe fort.

Les Français sont toujours passionnés de politique. A chaque fois qu'on leur donne la parole et qu'on leur explique clairement les enjeux, ils l'ont prouvé. Seulement, l'enquête du CEVIPOF montrent qu'ils ont l'impression d'une collusion entre les milieux politiques, médiatiques et économiques. Ce sentiment d'être abandonné par l'ensemble des milieux décisionnaires (auxquels il faut rajouter une bonne partie des intellectuels) contribue à renforcer un sentiment de colère, et à multiplier les actions violentes, comme celles du début 2009. Alors que la situation sociale ne fait qu'empirer et qu'au même moment tout semble s'améliorer pour les puissants, ces citoyens fortement politisés que sont les Français pourraient bien ne plus rester muets encore très longtemps. Pourtant, un homme politique qui serait à l'écoute de son peuple aurait ici, de vraies pistes pour changer les choses et retrouver la confiance de ces concitoyens.

Pour trouver les résultats de l'enquête :

http://www.cevipof.msh-paris.fr/dossiersCev/BarConf/BC0.htm

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Commentaires
L
thanks
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J
Très bien cher Aminaute.<br /> <br /> jf.
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