Jospin et la gauche n'ont toujours rien compris à leur échec de 2002.
A l'occasion de la sortie de son livre autobiographique et d'un reportage télévisé sur sa personne, Lionel Jospin investit de nouveau l'espace médiatique. Tout cela pour nous expliquer qu'en fin de compte il reconnaît enfin ses responsabilités dans son échec de 2002.
Il serait peut-être temps. 7 ans ce n'est pas rien en politique. Pour autant, qu'est ce qu'il admet, Mr Jospin ?Qu'il a surestimé le rejet de Jacques Chirac, surestimé la perception positive de son bilan,sous-estimé l’impact qu’avait la division de la gauche, sous-estimé le premier tour et aussi que sa campagne n'était pas aussi offensive. Tout cela est exact certes, mais secondaire, ce qu'il y a d'essentiel à retenir, c'est que Mr Jospin, et au-delà de lui l'ensemble du Parti socialiste, n'a toujours pas compris les raisons de sa défaite.
En effet, parce que si Lionel Jospin n'est pas au second tour de la présidentielle de 2002, il ne le doit qu'à une seule raison : pendant 5 ans, la politique qu'il a menée n'était pas de gauche, ce qui reconnaissons-lereconnaissons-le est un tout petit peu embêtant quand on se réclame de ce bord politique.
L'ouverture du capital de France Télécom et d'Air France (qui ont permis leur privatisation), la baisse des impôts, la mise en place de la flexibilité par le biais des 35 heures, le gel des salaires, toutes ces mesures prises par un gouvernement de gauche n'ont été au final que des gages de bonne conduite donné au libéralisme économique le plus total. Et encore faut-il rappeler que le gouvernement Jospin est celui qui a le plus procédé à des privatisations, bien plus que n'importe quel autre gouvernement de droite.
Voilà pour les faits. Mais ce n'est pas tout, il y a eu aussi des petites phrases que les Français et particulièrement les gens de gauche n'ont pas oublié le jour du scrutin. Dire devant des ouvriers en colère que l'Etat ne peut pas tout, c'est quand même une hérésie quand on appartient à un camp qui fait du rôle de l'Etat un outil pour corriger les inégalités sociales. Dire que son projet n'est pas socialiste, c'est certes admettre que dans les faits on ne l'est plus, mais aussi encourager tous les électeurs socialistes encore convaincus à aller voir ailleurs.
Sur tout cela, Lionel Jospin ne revient pas. Soit parce qu'il n'a toujours pas compris ses erreurs, soit plus sûrement parce qu'à l'image d'un parti socialiste qui s'est coupé des classes populaires, Lionel Jospin assume ses choix et ne les regrette pas.
L'ancien premier ministre est évidemment le premier responsable de cette période, et c'est de lui en premier que l'on aimerait entendre un mea culpa. Pour autant, il ne fut pas le seul à participer à ce fiasco. Les principaux leaders des partis de gauche étaient aux responsabilités sous le gouvernement Jospin. Mme Buffet, Mr Mélenchon, Mme Aubry ont tous été ministres. A ce titre ils sont tous porteurs du même bilan. Pour autant, s'il leur est facile de dénoncer aujourd'hui les dérives droitières de certains socialistes, aucun d'entre eux ne revient sur le bilan du gouvernement Jospin.
Le problème de la gauche aujourd'hui, est qu'elle s'enfonce dans un double discours faute d'être capable d'admettre qu'elle s'est fourvoyée dans le passé à mener des politiques de droite qui ont été rejetée par son électorat. Tant que les responsables de l'échec de 2002 seront là, rien ne pourra changer à gauche.