Point sur les élections régionales.
A quatre mois des élections régionales, et avant de commencer un petit focus régions par régions, il me semblait intéressant de faire un petit point sur la situation nationale, et de voir où en étaient les forces en présence.
La première inconnue de ce scrutin sera la participation. Alors que comme en 2004, tout le monde déplore le peu d'intérêt apparent des Français, je fais au contraire le pari que les électeurs répondront présent. Cela pour au moins deux raisons. La première, parce que l'électorat de droite reste mobiliser autour de la politique du président qu'il soutien. La seconde, parce que les régionales constituent la seule occasion qu'auront les Français avant les présidentielles d'exprimer leur colère, si tant est qu'ils en aient une comme je le crois. La participation devrait donc être forte.
Pour appréhender la situation, je propose de diviser le spectre politique en 5 grands camps, lesquels abordent le scrutin de façon très diverses.
La gauche radicale : Avec la crise, le rejet de la droite et les divisions au PS, elle devrait avoir le vent en poupe. Las, faute de pouvoir s'entendre sur une stratégie commune, et ce essentiellement à cause de l'incapacité qu'a le PCF de tourner le dos à ces alliances passées avec le PS (il est vital pour lui de conserver ses élus), ce camp se rend à la bataille fortement divisé. Certes, comme d'habitude, Lutte Ouvrière y va seule, et devrait une fois de plus faire un score marginal. A l'inverse le NPA et l'alliance du Front de gauche devraient se retrouver avec des scores autour de 5% chacun, ce qui prouve leur potentiel électoral. on comprend la déception des partisans d'une ligne de gauche radicale, car une alliance, accompagnée d'une dynamique aurait certainement permis à cette gauche d'être présente au second et d'imposer une autre politique au PS. Malheureusement, ce sont encore les combats de boutique qui l'ont emporté, et comme toujours les électeurs qui en font les frais.
La gauche dite de gouvernement : Pour résumer, il s'agit essentiellement des socialistes et des écologistes, lesquels partent sur des dynamiques opposées. Le PS est toujours englué dans ses divisions et ses combats de chef. Pour autant, contrairement aux élections européennes, il s'agit ici d'une élections à deux tours. Au premier, un léger effet "vote utile" devrait lui permettre de limiter la casse face à la concurrence des verts, du MODEM, et du Front de gauche. Au second tour, si les reports se font bien, la France entière devrait constater que l'UMP a eu une victoire à la pyrrhus aux régionales, et que la France penche à gauche. Pour les écologistes, la situation est très différente. Surfant sur leur bon score aux européennes et sur un climat d'inquiétude autour des questions environnementales, ils sont sur une excellente dynamique. Ils devraient même pouvoir se retrouver en tête de la gauche dans certaines régions, et revendiquer la présidence de certains exécutifs. Toutefois, leur stratégie aléatoire qui pousse certains à vouloir s'allier même avec la droite, devrait raviver les tensions, de même que les appétits qui ne vont pas manquer de naître. Le premier tour devrait être un succès pour eux, le second s'annonce comme stratégiquement périlleux.
Le Centre : Je parlerais ici surtout du MODEM, puisque le Nouveau Centre n'est qu'un avatar de l'UMP. La situation du parti de François Bayrou n'est pas très réjouissante. Depuis les européennes, la perception qu'ont les Français du leader centriste a évolué. Il apparaît désormais comme un ambitieux, à l'instar de Nicolas Sarkozy, et son projet se fait de plus en plus flou. En outre, la stratégie du ni droite ni gauche qui séduisait bon nombre de Français jusque là, ne semble plus aussi évidente, et les tentatives de rapprochement avec la gauche devraient effrayer certains électeurs. François Bayrou joue ici une de ses dernières cartouches, il aurait beaucoup de mal à se relever d'un nouvel échec.
La Droite : En rassemblant toutes les composantes ou presque de la droite bien avant le scrutin, Nicolas Sarkozy permet à son camp de se présenter uni au premier tour. Le contraste est grand avec l'image donnée par la gauche. Cette stratégie devrait s'avérer payante au premier tour, et devrait être propre à enclencher une dynamique de second tour, qui pourrait limiter les dégâts. Toutefois, le danger de rassembler trop largement au premier tour est qu'il n'y a plus de réserves de voix pour le second tour, lequel devrait nous renseigner sur l'impact réel de l'impopularité de exécutif et sur les chances réelles du président de la République en 2012. Il y a toutefois des signes qui ne trompent pas, alors qu'il y a 6 mois, les principaux leaders de l'UMP pensaient ravir 5 à 6 régions, ils se contentent désormais officieusement d'une ou deux. Ce qui n'est même pas sûr.
L'extrême-droite : donnée moribonde par tout le monde, elle peut encore constituer un vrai danger pour la droite dans certaines régions où elle semble capable d'atteindre les 10 % nécessaires pour se maintenir au second. Et ce, d'autant plus que certains des électeurs frontistes séduits par Nicolas Sarkozy pourraient être tentés par un retour au bercail, histoire d'envoyer un message avant 2012. De plus, les divisions de la gauche radicale ne lui permettent pas de surfer sur la colère ambiante, exercice pour lequel le Front National a par le passé montré qu'il était doué. Donc, attention, s'il y a une surprise à attendre, elle peut se produire de ce côté-ci de l'échiquier.