Polèmique sur Frédéric Mitterrand : c'est la stratègie de l'ouverture qui explose en plein vol.
Je ne reviendrai pas sur l'objet de la polémique, d'une part parce que je n'ai pas lu le livre incriminé, et d'autre part parce que je ne trouve pas que la politique au sens noble du terme en sorte grandie. Je me contenterai de déplorer que se soit une histoire de moeurs qui fasse vaciller le pouvoir de Nicolas Sarkozy, alors qu'il y aurait tant à dire sur sa politique. Par contre les dégâts collatéraux que crée cette polémique m'intéressent au plus haut point, notamment parce qu'ils dessinent les limites de l'ouverture politique érigée en système.
Il faut se souvenir des vraies raisons qui ont prévalues à la présence de Mr Mitterrand dans ce gouvernement. Au delà de ses qualités d'homme de culture qu'à titre personnel je juge indéniables, c'est bien à son patronyme très symbolique pour les gens de gauche, qu'il doit son poste. Bien que Frédéric Mitterrand se soit toujours déclaré de droite, c'est parce que Nicolas Sarkozy a voulu faire un coup politique, brouiller encore un peu plus les pistes, plonger les électeurs de gauche encore un peu plus dans le doute, qu'il a été choisi.
Pourtant le coup politique que de nombreux commentateurs ont salué il y a quelques mois s'avère aujourd'hui beaucoup moins fameux, il aurait même tout d'un bon vieux coup de boomerang.
Certes, le ministre de la culture appartient de facto à la même famille politique que le président, mais pas au même monde qu'une frange importante de son électorat. Mr Mitterrand est un mondain parisien, plutôt libéral en matière de moeurs, c'est dire s'il est éloigné de tous ces Français issus de la droite radicale, voire de l'extrême-droitel'extrême-droite que Nicolas Sarkozy s'efforce de rassembler depuis des mois. En une déclaration (celle sur Roman Polanski), et une polémique, la droite vient de se couper de toute une part de son électorat. Et il n'est pas anodin, loin de là, si c'est du Front National qu'est partie cette affaire. C'est en effet ce parti qui profite de cet épisode stérile, anéantissant du même coup des mois de récupération du vote FN.
Je ne sais pas si le FN est ressorti de l'ombre où s'il va retourner dans son anonymat actuel, toujours est-il qu'à son corps défendant Mr Mitterrand vient de lancer la campagne des régionales. Et à mon avis, la droite peut commencer à voire ses espoirs de reconquête à la baisse.