Marching band de Claude Miller

Pendant les semaines qui précédent les élections américaines, Claude Miller a promené ses caméras en Virginie, du côté des fanfares de deux des universités de cet Etat. Il y a interrogé des étudiants, pour la plupart pro-Obama mais pas seulement, pour connaître leurs doutes, leurs attentes et surtout leurs espoirs autour de cette élection. Le résultat donne un portrait vivifiant de l'Amérique, beaucoup plus ouverte que ne l'ont laissé entrevoir les années Bush.

De ce très bon documentaire, on retiendra deux choses. D'une part la découverte des fanfares universitaires, phénomène particulièrement incongru pour nous européen. Aux Etats-unis, elles sont de véritables institutions, au même titre que le sport universitaire. Chaque étudiant qui sait jouer d'un instrument incorpore presque automatiquement l'une de ces fanfares. On est stupéfait de voir l'esprit de groupe et la solidarité qui y règne. Il est étonnant de voir comment le plus individualiste des pays sait maintenir sa cohésion sociale grâce à des outils collectifs.

Le second aspect concerne évidemment l'élection présidentielle. Après avoir vu ce film, je suis persuadé que l'on a pas mesuré ce que l'élection de Barack Obama représente. On a souvent comparé avec le 10 mai 1981. Je crois que cela va bien au-delà, plus que l'espoir d'un changement de politique (ce qui en soi est déjà beaucoup), Obama est un symbole, celui de la lutte contre les discriminations. Une phrase prononcée par un des participants résume à elle seule l'esprit du film : " Peu importe qu'Obama réussisse ou pas, un noir a pu être élu, cela vaut toutes les promesses".

On peut peut-être regretter que le second aspect prenne rapidement le pas sur le premier, mais Claude Miller que l'on savait déjà être un grand cinéaste est aussi un grand documentariste qui sait s'effacer derrière son sujet pour en donner l'essentiel.

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