Michael Jackson partout ! pensée nulle part !
Depuis l'annonce du décès de Michael Jackson, l'information passe en boucle dans tous les médias, vue sous tous les angles. Il existe dans ce pays des dizaines de journaux, de télés, de radios, qui en principe devraient garantir le pluralisme et la diversité. Pourtant, je défie quiconque de trouver un seul de ces médias qui ne consacre la quasi-totalité de sa plage d'information à la mort du musicien. Comme si tout le reste, (conférence à l'ONU, manifestations en Iran, visite de Sarkozy dans les Antilles, sans parler des centaines d'ouvriers en grève dans leurs entreprises dont on ne parle jamais), n'existait pas ou comptait bien moins que la mort d'un saltimbanque.
Certes, la place de Michael Jackson dans la musique actuelle est considérable, les frasques et la vie agitée de ce dernier en font une personnalité controversée et atypique de la sphère médiatique. On eût cependant apprécié que Sartre, Deleuze, Foucault ou d'autres aient eu droit à de pareils hommages, tant leur pensée compte aujourd'hui et comptera pour éclairer les lanternes de nos descendants. Il n'est pas sur que l'on écoute encore Michael Jackson dans 50 ans.
Car c'est bien d'absence de pensée critique qu'il s'agit ici, et soyons clair, le pauvre Michael Jackson n'y est pour rien. Cette uniformisation de l'information ne peut que déboucher sur un prêt à penser confinant au néant. Quand tout le monde pense la même chose, c'est que plus personne ne pense.
Les mêmes mots, les mêmes images, les mêmes témoins vont défiler sur nos antennes ou nos journaux pendant des heures, appelant ainsi à faire de la surenchère dans le patos et l'émotionnel. Pour preuve, cette anecdote entendue ce matin sur France Inter, où la Journaliste en studio interpelle l'envoyée spéciale en lui demandant s'il y avait beaucoup d'émotion à Los Angeles, cette dernière lui répond que c'est la nuit dans cette partie du monde, et que par conséquent il n'y a personne ou presque devant l'hôpital. Commentaire définitif de la journaliste : "oui, mais au lever du jour, l'émotion sera forte".
Les mots ne sont pas exactes, mais l'esprit est exactement le même. On voit bien à travers cet exemple que nous sommes confrontés à une information qui n'en est pas une, est que la journaliste, soucieuse de ne pas être en reste face à la concurrence commente des faits non avérés, qu'elle ne peut que supposer. Si ça c'est encore du journalisme....