Pourquoi la stratègie européenne du NPA est la bonne ?
L'incapacité chronique qu'ont les partis situés à la gauche du PS de se réunir a un côté désespérant, en particulier pour ceux qui comme moi espèrent enfin une vraie alternative de gauche à ce pouvoir destructeur. Comme lors de la présidentielle, beaucoup sont ceux qui imputent ces divisions à Olivier Besancenot et à son nouveau parti. Je crois qu'ils se trompent et qu'au PCF comme chez les partisans de Jean-Luc Mélenchon, on est surtout pour prôner un vrai discours de gauche sans pour autant insulter l'avenir, c'est à dire rompre complètement avec les pratiques politiciennes en cours au PS ; on ne sait jamais, des postes de ministres seront peut-être à pourvoir un jour, et de toute façon, il y a des élus à sauver aux prochaines régionales.
Refuser toute alliance avec le Parti Socialiste, ce n'est en aucun cas refuser de participer au pouvoir. Le NPA se présente comme un parti anticapitaliste, qui a pour ambition de vouloir mettre en place un autre système, plus humain, plus juste, même si celui-ci reste à définir. Il est donc logique qu'il refuse toute alliance avec ceux qui autrefois tenaient le même discours et qui aujourd'hui ont renié leur propre histoire au nom d'une sociale-démocratie qui ne marche nulle part et n'est que la version acceptable du libéralisme.
Il est intéressant de regarder dans le passé et de s'apercevoir que des figures historiques du PS et du PCF, Jaurés, Blum, Thorez, tenaient des discours et des propos bien plus révolutionnaires et audacieux que ceux de Besancenot aujourd'hui. Le NPA ne fait que renouer avec ce qu'aurait toujours dû être la gauche : une alternative au capitalisme.
Le NPA ne refuse donc pas d'aller au pouvoir, simplement, contrairement aux communistes, il a une stratégie différente. Pour les partisans de l'ancienne LCR, il est temps de s'attaquer aux paradoxes socialistes, de montrer que par leur laxisme ils sont complices du marasme actuel. Il s'agit ainsi de pourfendre les politiques menées par les socialistes et d'espérer devenir le premier parti de gauche devant le PS. Si on en croit les sondages et l'aura croissante du leader du NPA, ce rêve n'est peut-être pas inaccessible, d'autant plus qu'avec la crise, le discours du NPA devient audible et crédible.
Devenir le premier parti de gauche ! C'est à ces conditions, à mon avis, qu'une alliance deviendrait alors possible avec le PS, mais sur les positions et le programme du NPA ; alors que jusqu'ici, les alliances de gauche au pouvoir étaient centrées sur le PS et son discours social-démocrate. De plus, cela ne peut être réalisable qu'avec un parti socialiste lesté de sa branche libérale.
Ca, c'est la stratégie (supposée, car il ne s'agit ici que de mon avis) vis à vis du PS. Par rapport au PCF, c'est plus compliqué, car en principe, il existe de nombreuses passerelles. Sauf que le parti communiste est un parti sous perfusion qui prône une union aux européennes, sans s'intéresser au contenu programmatique et idéologique, parce que pour lui, seul un gros score peut lui permettre se survivre. Mais surtout, la centrale de Mme Buffet, connaît une situation économique dégradée, et la perte de nombreux élus aux prochaines régionales serait catastrophique. Le PCF ne peut donc rompre avec le PS sous peine de disparaître complètement. Jean-Luc Mélenchon se situe dans une situation un peu analogue, lui qui n'est sorti du PS que pour espérer y revenir en position de force, à l'instar de ce que Charles Pasqua avait tenté à droite en son temps.
La stratégie du PCF ne s'inscrit pas dans l'avenir, elle n'est qu'électorale. Elle n'est basée sur aucun projet, sur aucun programme. En ce sens, même en cas de bon score aux européennes, elle ne peut déboucher sur rien, si ce n'est la reconduction des vieilles alliances qui n'ont données qu'amertume et déception.
Il en va autrement du NPA, puisque ce parti n'a pas pour l'instant d'élus à défendre. En essayant de pratiquer la politique autrement, notamment en partant de ce que disent et vivent les gens sur le terrain, le NPA cherche à tout prix à se distinguer des vieux partis dirigés par des hommes d'appareils en place depuis 30 ans. Cela insuffle un souffle nouveau à la politique et donne un vrai espace et une crédibilité à Besancenot et ses partisans. Le NPA aurait tort de renoncer à cet esprit novateur qui est le sien pour s'allier à des officines dont plus personne n'accepte les pratiques aujourd'hui.
PS : je tiens à préciser que je n'ai pas ma carte au NPA (même si vous aurez bien compris ce que sera mon vote en juin), et que les propos ci-dessus n'engagent que moi.