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13 février 2009

Pourquoi la situation sociale est plus tendue en France que dans les autres pays européens ?

C'est officiel, la France à l'instar des autres pays européens est entrée en récession, la ministre de l'économie vient de prononcer le mot. Cependant, même si la situation n'est pas florissante en France, on remarque que notre pays résiste mieux que d'autres. Il doit en grande partie cette résistance à son modèle social et à l'importance de ses services publics pourtant tellement décriés. Pourtant, si on excepte la Grèce et l'Islande, deux pays à la situation particulière, la France est la seule grande nation en proie à d'importantes turbulences sociales qui menacent de déraper en un grand conflit majeur. Il y a, à mon avis, plusieurs explications à ce paradoxe apparent :

1) En France, contrairement à d'autres pays, la réalité de la crise a longtemps été niée par les autorités, créant ainsi un décalage profond entre ce que vivent et ressentent les Français, et les discours officiels.

2) Depuis bientôt 2 ans, le gouvernement a mis en route de très nombreuses réformes qui modifient profondément l'organisation socio-économique de notre pays. Si certaines d'entre elles avaient au départ l'assentiment de la population, la méthode employée pour les faire passer fait qu'au final, elles sont toutes ou presque devenues impopulaires. Il n'y a pour ainsi dire aucune concertation, toutes les réformes sont décidées d'en haut, sans que jamais les acteurs de terrain ne soient consultés.

3) L'obstination du pouvoir à ne pas intégrer un volet concernant le pouvoir d'achat pèse lourdement sur le climat social. D'autres pays, comme le Royaume-Uni, l'Espagne ou encore l'Allemagne l'ont fait, garantissant ainsi momentanément la paix sociale, ainsi qu'ils sont dans un marasme économique bien plus profond que nous. En France, la plupart des aides sont perçues comme des cadeaux faits aux entreprises, notamment les banques, à l'origine de la crise. Cela induit un fort sentiment d'injustice.

4) Le mécontentement est très fort dans les Antilles françaises, il faut y voir je crois, une résurgence du passé colonial de la France, passé que nous n'avons jamais eu le courage de regarder en face. L'élection de Barack Obama fêtée avec joie dans ces régions nous renvoie à nos manquements en matières d'égalité sociale et d'intégration des minorités. Ce malaise des DOM-TOM, pourrait gagner les banlieues métropolitaines,où il est regardé de prés, et où la crise de l'automne 2005 n'a jamais été traitée. Tout ceci est explosif a plus ou moins long terme.

5) En confisquant le pouvoir, en réduisant à néant le rôle du premier ministre, en affaiblissant les ministres, Nicolas Sarkozy dénature la cinquième République et perturbe profondément la vision politique des Français. De plus, en multipliant les discours non suivis d'actes, il contribue à rendre inaudible la parole politique.

6) La faiblesse de l'opposition, l'absence de projet alternatif crédible, la mise sous tutelle de tous les contre-pouvoirscontre-pouvoirs, tout cela fait que la rue devient peu à peu le dernier moyen d'exprimer sa colère et son désarroi. Rajouté à cela une répression de plus en plus mal vécue par la population, on comprend que des partis aux propos plus radicaux aient une écoute favorable en ce moment.

Alors que tout laisse penser que le gouvernement souhaite éviter une explosion sociale, celle-ci n'a jamais semblé aussi proche, à cause notamment de la façon qu'a Nicolas Sarkozy d'exercer le pouvoir. Les prochains jours  seront déterminants, mais il me semble probable que l'on ne pourra pas éviter une forte déflagration sociale.

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Commentaires
L
On tire sur la troupe, ce qui prouve une fois de plus si besoin est que la police est là pour protéger les biens plus que les personnes.
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P
Je n'ai pas oublié "La Commune"... <br /> Je ne l'ai pas évoquée pour deux raisons.<br /> D'une, elle a été une exception. <br /> De deux, il s'agissait alors plus d'une insurrection que d'une prise de pouvoir...<br /> Tentative qui s'est soldée par un véritable massacre qui plus est!<br /> <br /> Il n'en demeure pas moins que tous les efforts ont été fait pour effacer cet épisode sanglant de la mémoire collective, des livres d'Histoire.<br /> Sans doute pour éviter à la République d'avoir à répondre de ses actes pour avoir commis ce qu'il y a pourtant lieu d'appeler un Génocide.<br /> ... Je n'ai pas oublié La Commune! <br /> Les rares documents que j'ai pu consulté font que j'ai toujours une pensée émue pour ces anonymes condamnés-es à l'oubli après avoir donné leur sang pour avoir voulu un monde plus juste, plus égalitaire...<br /> <br /> Reste que les vieilles habitudes républicaines ont la peau dure et qu'on "dépêche aujourd'hui encore la troupe contre le bon peuple"!
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L
A putt Bill,<br /> Il est faux de dire Jamais : Oubliez vous la commune ? A ma connaissance, la seule fois où le peuple à réellement pris le pouvoir. Depuis, tout a été fait pour chasser les classes populaires de Paris.<br /> <br /> A Marine,<br /> Ton constat sur l'éducation est juste, sauf que Sarkozy s'en rend évidemment compte. La casse de l'EN est voulue, maintenir les populations dans l'ignorance, c'est éviter à terme qu'elles se rebellent.
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M
Très bon billet. J'ajouterai, que notre cher président ne se rend pas compte de l'importance de l'éducation (oui, encore, encore, l'éducation et le service public...); elle est en effet la base d'une société, la connaissance est le plus beau des cadeaux que l'on peut faire à un citoyen. C'est cela qui lui apprend à devenir quelqu'un, et qui lui permet d'avoir un regard critique sur le monde. <br /> <br /> Contrairement à l'Allemagne par exemple, dont j'admire particulièrement l'organisation du système éducatif, le président français laisse tomber cette partie de sa nation ; il la démantèle, peut-être la juge-t-elle trop riche, en finance tout comme en personnel ? Mais pour lui les deux choses sont jointes. Le capitalisme oublie que nous somme des être humains, et que l'individualisme n'est qu'une forme d'égoïsme.
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P
A leunamme,<br /> Précisons un peu cette "fronde" si vous voulez bien...<br /> Comme précisé plus haut, la fronde française a été - et est toujours- un modèle du genre... <br /> Ce que je lui "reproche" c'est de s'arrêter là où au contraire tout devrait commencer: à l'institutionalisation, c'est là que ça coince!<br /> Pour autant qu'elles furent nombreuses, intenses et parfois même sanglantes, jamais aucune fronde n'a remis en question les fondements des institutions: on vote à l'intérieur des partis, syndicats et assoces de la même façon que celle originelle!<br /> <br /> La "Gauche" qui nous représente, celle institutionnelle, se trouve être coupée de sa base aussitôt la prise de fonction des élus-es. C'est autant vrai pour les partis que les syndicats et les associations. Même si ces dernières fonctionnent avec moins de formalisme. <br /> Le mécanisme de l'institutionalisation est LE mur virtuel qui sépare la base de la prise de décision.<br /> Cette Gauche n'est pas représentatitive de sa base, ne l'a jamais été, ne le sera jamais!<br /> Changez le contenu pour en changer le contenant! <br /> Simple!!!<br /> <br /> Les Antilles françaises sont citées en exemple, il se passe là-bas ce que j'appelle moi une vraie fronde: unitaire et solidaire contre cette forme d' "état". <br /> <br /> On dénonce, on décrie, on dénie, on insulte Sarko, et on a raison de la faire!<br /> Reste qu'un éventuel nouveau candidat aura recours aux mêmes techniques mensongères et démagogiques pour se faire élire; d'où ma question au bon peuple: de combien de temps mais surtout de quelle culture a-t-il besoin pour "comprendre" ???
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