Quel avenir pour le NPA ?
L'évènement politique du jour aura lieu à La Plaine Saint-Denis et ne sera pas diffusé en direct par les grandes chaînes de télévision. Il s'agit de la dissolution de la LCR qui donnera officiellement naissance demain au NPA. Ceux qui me lisent régulièrement connaissent mes sympathies pour Olivier Besancenot, même si je n'ai pas ma carte à son nouveau parti. Ceci dit, et au-delà de mes opinions personnelles, je crois que l'apparition du NPA peut profondément changer la donne politique dans ce pays.
Tout d'abord, je remarque que le processus engagé par la LCR est unique dans l'histoire de ce pays. Voici un parti qui fait le triple constat de l'insuffisance de son socle militant, de l'incapacité des leaders de la gauche à proposer une alternative face au capitalisme, et d'une véritable attente dans le pays pour une gauche enfin de combat qui cesse de tergiverser avec les milieux économiques. C'est en partant de toutes ces analyses que la LCR décide de créer un nouveau parti, non pas en faisant des alliances d'appareil, mais en faisant appel aux militants, aux citoyens, à tous ceux qui se sont retrouvés dans les meetings d'Olivier Besancenot ou dans les luttes sociales. Evidemment, les militants historiques du parti trotskyste constituent le noyau dur du NPA, mais ils ne sont plus majoritaires. Quel parti peut aujourd'hui se vanter d'avoir tripler son nombre d'adhérents en moins d'un an ?
L'arrivée du NPA sur la scène politique est aussi un tournant de notre vie politique parce qu'il s'adresse directement à ceux qui depuis longtemps sont abandonnés par les partis politiques et particulièrement ceux de gauche : les ouvriers, les chômeurs, les jeunes, les immigrés, etc. Contrairement à l'idée majoritaire, je crois que dans un premier temps le refus de participer au pouvoir avec un parti socialiste qui ne rompt pas avec le capitalisme, est une force pour le futur NPA. Tout simplement parce que cette position rend de nouveau audible un discours que l'on n'entendait plus sous prétexte de pragmatisme économique. Et j'en veux pour preuve de l'efficacité de cette posture, le retour dans la bouche de leaders socialistes de mots et d'idées qu'ils n'ont plus prononcés depuis 20 ans. C'est Benoit Hamon qui veut rétablir l'autorisation administrative de licenciement, Ségolène Royal qui veut supprimer les aides aux entreprises qui licencient, ou encore d'autres qui n'hésitent plus à parler de nationaliser les banques. Tout cela fait parti du programme du NPA, et il est assez drôle de voir que Mme Royal qui n'a pas inspiré Barack Obama, s'inspire elle de l'extrême-gauche.
Le NPA profite de la crise qui donne indubitablement un nouvel écho à son discours de rupture. Pour autant, il serait faux de croire que le succès du parti d'Olivier Besancenot n'est dû qu'aux circonstances économiques. Dès la présidentielle de 2002, la candidature du jeune facteur trouve un écho dans la population grâce à un discours plus ouvert sur la société que celui du PCF ou de LO. Cet attrait ne s'est pas démenti en 2007 avec une affluence dans les meetings qui va bien au-delà des sympathisants de la LCR. L'arrivée aux avants-postes de la LCR correspond à une vague de fond. L'apathie des partis traditionnels et la crise économique et sociale ne font que renforcer sa puissance.
Pour autant, si à court ou moyen terme tout devrait sourire au NPA, il existe toutefois de nombreux écueils. Le premier étant la nature même du NPA, un parti qui se veut collectif, sans leader, mais de fait porté par la personnalité de son porte-parole principal, ce qui peut entraîner quelques désillusions le jour où celui-ci sera moins en phase avec la société. Le second réside dans la difficulté de passer d'un parti protestataire à un parti de propositions, même si on l'a vu, elles existent et sont souvent reprises par d'autres. le troisième sera de faire face aux conservatismes des autres partis de gauche, notamment le parti communiste qui lutte pour sa survie. Le dernier enfin sera de réussir à terme à nouer des alliances avec d'autres partis pour peser durablement face au parti socialiste, mais surtout face à la droite.
Au final, je crois que le NPA est une bonne nouvelle pour les gens de gauche, puisqu'il remet au goût du jour les combats qui furent ceux du parti communiste jusque dans les années 70, mais en n'occultant pas le poids du Stalinisme, et surtout en acceptant l'ouverture aux autres idées, en prônant le débat au sein même de l'organisation et en s'adaptant aux moeurs de notre temps, ce qui admettons-le, ne fut pas le cas du parti de Thorez ou de Marchais.
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