L'égalité des chances de Nicolas Sarkozy n'a aucune chance de marcher.
Nicolas Sarkozy a décidé de s'attaquer au problème de l'égalité des chances et à celui de la diversité, s'attaquer enfin aux discriminations de toutes sortes. Je m'en réjouis, d'autant plus qu'il y a certaines mesures qui me semblent très bonnes parmi celles annoncées aujourd'hui. Je critique suffisamment ce gouvernement pour ne pas signaler lorsque des choses vont dans le bon sens. Toutefois, toutes ces mesures sont en contradiction complète avec la politique menée jusque là, une politique qui favorise l'exclusion.
Les écoles préparatoires seront donc obligées d'accueillir 30 % d'élèves boursiers. C'est bien, cependant, rappelons que cet objectif avait déjà été fixé par Jacques Chirac en 2005, de même que la création d'internats de la réussite. De plus, je ferais simplement remarquer qu'il s'agit d'écoles aux moyens déjà conséquents, alors que la plupart des étudiants boursiers se retrouvent dans l'université publique, laquelle manque cruellement de moyens.
La création de classes préparatoires pour les concours de la fonction est aussi positive. Malheureusement, il y a de moins en moins de concours organisés puisque le pouvoir a décidé de réduire drastiquement les effectifs. On va donc créer des filières aux débouchés incertains. De plus, réserver ces écoles aux personnes issues des quartiers me semble contraire à la constitution.
En ce qui concerne les entreprises, il y a cependant de vrais progrès. Le CV anonyme est une bonne chose, cependant il existe déjà dans la loi depuis 2006, il n'a tout simplement jamais appliqué. Espérons que ce sera le cas, mais pour l'instant il n'est question que d'une expérimentation. Il est toutefois notable de constater que des dispositifs contraignants vont obliger les entreprises à oeuvrer dans le sens de plus de diversité. De plus, la HALDE va enfin disposer de pouvoirs plus importants, comme celui d'effectuer des contrôles inopinés sur les lieux de travail.
Enfin, le président a souhaité une amélioration de la représentation des minorités dans les médias et les partis politiques. Malheureusement, ce souhait risque de rester lettre morte, puisqu'il n'est question pour l'instant que d'objectifs à atteindre.
Tout cela est bel et bien, mais sera complètement inefficace, car il est ahurissant de constater que ceux qui déplorent aujourd'hui la fin du système d'intégration à la Française ont tout fait pour le détruire. Toutes les mesures citées ci-dessus ne peuvent pas marcher parce qu'elles s'insèrent dans une politique générale qui fabrique de l'inégalité sociale et des discriminations. Tout au plus peuvent elles en limiter les effets.
Lutter pour l'égalité des chances, c'est revenir sur une politique sécuritaire qui frappe en premier les plus pauvres, sur une politique migratoire qui condamne des milliers de personnes à la clandestinité, sur une politique éducative qui réduit les enseignements et les savoirs au strict minimum, sur une politique du logement qui favorise les propriétaires et maintient dans la promiscuité des milliers de familles, sur une politique de la santé qui interdit aux plus démunis de se soigner correctement.
Depuis plus de 20 ans, tous les gouvernements de droite comme de gauche ont obligé les services publics à être rentables, au détriment du service rendu. Dans tous les domaines le marché fait la loi. Mais ce gouvernement, plus que tous les autres avoue sa fascination pour le capitalisme le plus libéral. Les dégâts sont immenses et ce ne sont pas quelques mesurettes qui vont changer quoi que ce soit.
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