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16 novembre 2008

L'imposture Martine Aubry.

Maintenant c'est sûr, le congrés de Reims a débouché sur un échec. Cela ne surprend personne, tant les animosités au sein du Parti Socialiste sont fortes. Ce sont donc les militants qui auront à départager les 3 candidats en lice, Benoit Hamon, Ségolène Royal et Martine Aubry.

Les candidatures des deux premiers sont faciles à justifier puisqu'elles correspondent à des stratégies réellement différentes et à des conceptions opposées de ce que doit être le Parti Socialiste. L'un, Benoit Hamon, défend les acquis idéologiques du PS, des alliances avec l'ensemble de la gauche et un parti fait de militants certes peu nombreux mais actifs, quand l'autre, Ségolène Royal, est partisan d'ancrer le PS vers le centre, de présidentialiser son parti, de rompre avec les anciennes alliances et de faire du PS un parti de masse en facilitant l'adhésion. Quoique l'on pense de l'une ou l'autre de ces positions (et mon souhait irait vers la première), elles constituent un choix clair, un choix politique qui entrainera la gauche française dans des voies complètement différentes dans les années à venir.

Il n'en est pas de même pour la candidature de Mme Aubry. Quelle est la stratègie défendue par cette dernière ? Celle d'un retour vers la gauche comme le faisait pressentir le texte de sa motion ? Mais dans ce cas l'alliance avec Benoit Hamon n'aurait pas dû poser beaucoup de problèmes. Mais Mme Aubry veut-elle vraiment d'un parti socialiste clairement à gauche, elle qui dans sa ville de Lille à conclu des alliances avec les centristes alors même qu'elle n'en avait pas besoin (et ce n'est pas parce que le parti l'autorise que l'on est obligé de le faire).

Et cette posture de femme clairement ancrée à gauche est pour le moins en contradiction profonde avec un parcours politique qui penche sérieusement vers le centre. Elle est bien à l'origine d'une fondation (FACE, fondation pour agir contre l'exclusion) qui regroupe quelques uns des plus grands patrons français : est-ce concevable quand on se dit de gauche, donc défenseurs des ouvriers, des salariés, des précaires, des pauvres, de travailler main dans la main avec ceux qui souvent les exploitent voire les oppriment ?

En outre, Mme Aubry est considérée comme la femme des 35 heures, projet emblèmatique du gouvernement Jospin. Evidemment, cette loi a été un grand progrès social, permettant à de nombreux cadres de retrouver leurs familles, développant le secteur des loisirs, et luttant efficacement contre le chômage, une loi allant dans le sens de l'histoire. D'ailleurs, l'acharnement de la droite à vouloir la supprimer sans jamais le faire complètement en dit long sur son importance et sur l'attachement que les Français portent aux 35 heures. Pourtant, cette loi a été la cause majeure de l'échec de la gauche en 2002, parce que mal préparée, elle a accentué la fléxibilité dans les entreprises et contribué au gel des salaires, notamment les plus bas. De fait, ce sont donc les ouvriers, les employés, les catégories populaires qui ont subi de plein fouet les effets pervers de la loi sur les 35 heures. Ils s'en sont rappelés en 2002. Depuis, Mme Aubry a certes reconnu l'imperfection de son dispositif, mais elle s'en est surtout violemment pris à celle qui en 2007 en avait fait un bilan sans concession et assez juste : Mme Royal.

Pour toutes ces raisons, je considére que la candidature de Mme Aubry au nom d'un retour du PS vers la gauche est une imposture. Sa présence au scrutin de jeudi prochain aura surtout comme effet de nuire à la candidature de Benoit Hamon, qui elle est claire sur ses positions. De plus, la motion défendue par Mme Aubry et soutenue par les fabiusiens, autrefois partisans des baisses d'impôts, et par les strauss-kahniens qui ne rejetaient pas les fonds de pension. Je pense que la volonté de Mme Aubry d'être sécrétaire du premier parti d'opposition n'est muée que par les ambitions personnelles (elle n'est pas la seule dans ce cas évidemment, mais, elle, elle ne l'assume pas), et surtout pas une haine féroce envers Ségolène Royal.

 

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Commentaires
L
Merci,<br /> je me sens moins seul.
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J
Merci pour cette analyse intéressante et argumentée que je ne contredirai pas.
Répondre
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