Mon rapport compliqué avec Mme Royal.
Ceux qui lisent régulièrement ce blog le savent, mes sympathies politiques vont largement du côté de la LCR, en grande partie grâce à la figure emblématique d'Olivier Besancenot, mais surtout parce qu'ils sont aujourd'hui les seuls à porter haut et fort des valeurs de gauche, et les seuls à s'opposer frontalement et efficacement à la politique de Nicolas Sarkozy. Cependant, aussi curieux que cela puisse paraître, je garde une certaine sympathie pour Mme Royal.
Evidemment, je suis loin d'être en accord avec toutes ses idées, notamment son acceptation du système capitaliste. Je ne partage pas non plus certains de ses penchants patriotiques et une certaine dérive sécuritaire, loin s'en faut. J'ajouterai à cela une tendance démagogique et une mauvaise habitude qui consiste à opposer le peuple aux élites. Et surtout, l'idée d'une alliance avec le centre-droit, qui signifierait la mort de la gauche de combat pour de nombreuses années, cette idée-là m'insupporte.
Pourtant, le personnage de Mme Royal m'attire, pour de multiples raisons, même si au fond, je sais qu'il ne faut pas se faire beaucoup d'illusions, si demain elle était au pouvoir, cela ne changerait pas radicalement la face de l'histoire. Mais il y a beaucoup de choses positives chez elle.
En premier lieu, même si elle est présente depuis plus de 20 ans dans les cercles du pouvoir, elle n'a jamais eu de responsabilités majeures et apparaît comme n'étant pas en partie comptable de la politique menée par les socialiste sous Mitterrand et Jospin. Ce n'est qu'en partie vrai, mais elle a su rester en retrait des décisions et des orientations majeurs. A l'instar de Mr Sarkozy pour la droite, elle correspond a une envie de renouveau et de changement. Il est d'ailleurs notable que sa motion est celle qui est signée par le plus de nouvelles personnalités.
Ensuite, son obstination force le respect. Il faut bien reconnaitre qu'elle n'a pas été épargnée par les coups, provenant le plus souvent de son propre camp. De François Hollande à Bertrand Delanoë en passant par Rocard ou Fabius, ils ont tout essayé pour la discréditer. Pour l'instant c'est un échec total, et c'est surtout le parti socialiste qu'ils ont discrédité. Les médias aussi ne l'ont pas épargnée, là par contre les dégats sur son image ont été plus féroces, et sont à mon avis en partie responsables de son échec à la présidentielle.
Mais ce n'est pas tout, ces petites phrases, ces perfidies ont fait oublier l'essentiel. Tout le monde s'est focalisé sur ses vélléités de rapprochement avec le MODEM sur certaines des ses positions pour le moins iconoclastes à gauche. C'est oublier que sur les retraites, la sécurité sociale, la crise économique elle tient un discours bien plus radical que le plupart des dirigeants socialistes. De plus aujourd'hui au PS, elle est la plus pugnace et peut-être la plus écoutée des opposants à Nicolas Sarkozy (je met la LCR à part, ici je ne parle que des socialistes).
Enfin, je terminerai en rappelant deux choses essentielles. Le fait qu'elle soit une femme n'est pas négligeable, surtout dans un pays où les hommes partagent si peu le pouvoir. Mais surtout, elle a réussi à ramener vers la politique et surtout vers la gauche toutes les catégories populaires qui ont tant fait défaut à ce camp lors des dernières élections ; et sur ce point les récents sondages ne le démentent pas. Elle reste populaire chez les ouvriers, les employés ou les jeunes, et par contre elle est moins prisée chez les classes moyennes ou les professions intellectuelles. On se rapproche de ce que devrait être un électorat populaire de gauche.