Le catastrophique plan logement.
Je ne commenterais pas ici l'ensemble du plan présenté par Mme Boutin, mais seulement une mesure qui me semble dangereuse à plusieurs niveaux, celle censée permettre aux couches sociales les plus démunies d'accéder à la propriété pour 15 euros par jour. Comme ça d'emblée, cette proposition paraît équitable et devrait permettre de résorber un peu la crise du logement, sauf qu'à y regarder de plus, il n'en est rien.
Tout d'abord, il y a le coût. 15 euros par jour, cela fait 450 par mois. C'est évidemment beaucoup moins que pour un achat immobilier normal, mais cela reste souvent plus élevé que le loyer moyen d'un HLM. De plus, cela suppose pour la plupart des familles concernées, souvent pauvres, un endettement sur 30 ou 40 ans.
Ensuite, se pose la question de la disponibilité des terrains, qui doivent être à bas prix. Par conséquent, ils ne se trouveront pas dans les centres villes, mais dans des périphéries relativement éloignées. Il faudra donc que les futurs acheteurs incluent les frais de transports supplémentaires dans leur budget. Et on sait qu'au prix ou est l'essence aujourd'hui, ce n'est pas rien.
En outre, et comme pour la plupart des mesures présentées par le gouvernement depuis des mois, Mme Boutin a des réponses très vagues lorsqu'il s'agit d'évoquer la question du financement. Ce qui fait que cette mesure phare pour résoudre la crise du logement risque d'être un coup d'épée dans l'eau.
Enfin, et c'est la raison principale de ma colère, ces constructions seront comprises dans le quota de 20 % de logements sociaux que doivent les municipalités. Ce qui veut dire que l'on encourage de plus en plus les classes moyennes à quitter certains quartiers, les réservant aux plus démunis (même si en théorie c'est défendable), créant ainsi des ghettos et des problèmes sociaux et économiques autrement plus coûteux pour la société que ceux que nous connaissons actuellement.
Au final, il faudrait peut-être que l'on s'interroge aussi sur la finalité idéologique d'un slogan : "tous propriétaires". Outre le fait que ce n'est évidemment pas possible, il existera toujours une part de la société qui ne pourra ou ne voudra pas être propriétaire, l'accès à la propriété permet surtout à chacun d'avoir un bien de valeur à défendre. C'est donc un pas supplémentaire vers une individualisation de la société, et un coup porté aux solidarités qui doivent exister dans une société complexe comme la notre.
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