L'erreur stratègique de la droite.
On le sait, c'est aujourd'hui avérer, François Mitterrand s'était servi du Front National pour se faire réélir et affaiblir durablement la droite. Pour cela, il lui avait fait obtenir une tribune en direct à la télévision. Quelques semaines après, Jean Marie Le Pen réalisait un bon score aux élections européennes.
Fort de ses relations avec les patrons de presse, Nicolas Sarkozy a donc voulu essayer la même méthode avec l'extrême-gauche, pour affaiblir et diviser durablement le parti socialiste. Ce n'est donc pas un hasard si Olivier Besancenot s'affiche partout dans les médias. Outre qu'il s'agit d'une volonté de la LCR, la droite n'est pas mécontente de cette nouvelle popularité.
Mais à mon avis, Nicolas Sarkozy fait un mauvais calcul (ce qui au passage tend à démontrer que Mitterrand était un animal politique bien supérieur).
Tout d'abord l'électorat de la LCR n'est pas celui du FN. Il s'agit souvent de personnes fortement politisées et investies dans les luttes. De plus, même s'ils sont peu nombreux pour l'instant, les militants de l'extrême-gauche sont bien plus actifs que ne le sont ceux du FN. Une montée de la LCR aura forcément des répercussions sociales (et à mon avis c'est souhaitable), ce qui laisse présager une opposition plus déterminée à la politique de Sarkozy.
Ensuite, la deuxième erreur de Sarkozy, est qu'Olivier Besancenot bénéficie d'un capital de sympathie que n'a jamais eu Jean Marie Le Pen. Ce qui sans vouloir dire que la LCR pourrait conquérir le pouvoir (il ne faut pas rêver), son potentiel électoral si la sauce veut bien prendre est beaucoup plus élevé.
Mais, là où réside la vraie erreur du président de la République, c'est sur le report des voix. Avant que l'électorat du FN ne soit phagocyté par le leader de la droite, celui-ci ne s'était jamais bien reporté sur les candidats de l'UMP (ou du RPR). Aux élections législatives ou présidentielles, la gauche en a toujours récupéré une partie au second tour, quand une autre part non négligeable préféré se réfugié dans l'abstention. Pour l'instant, ce risque est plus faible pour le PS puisque la discipline électorale semble mieux jouer à gauche.
Cette stratégie, si elle se confirme, et si la LCR réussit son pari de monter son nouveau parti, aura au moins l'avantage de remettre les luttes sociales au premier plan, car on peut compter sur la LCR et ses militants pour ne pas s'en priver.