L'affrontement Royal Delanoë est souhaitable.
Je sais, le titre peut surprendre tant il va à l'encontre de tout ce que l'on veut nous raconter aujourd'hui. Il est d'ailleurs de bon ton de railler le parti socialiste et de clamer haut et fort que les luttes intestines qui règnent en son sein n'intéressent personne. Et pourtant, le congrès du mois de novembre sera primordial non seulement pour le parti socialiste, mais aussi pour la gauche et le pays lui-même.
Alors oui, la pléthore de candidatures au poste se secrétaire général fait désordre. Mais, il ne faut pas s'y fier, deux seules sont intéressantes, les autres ne sont là que pour troubler le jeu ou satisfaire des égos personnels. Et on voit bien à travers la montée médiatique d'un Pierre Moscovici ou d'un Manuel Valls qui a intérêt à ce que le débat entre les deux principaux candidats n'est pas lieu.
Donc oui, mille fois oui, la confrontation Royal contre Delanoë doit avoir lieu. Parce que Royal ou Delanoë, ce ne sera pas la même ligne idéologique, ni les mêmes alliances et stratégies électorales qui en découleront. Parce que ce débat permettra enfin au PS de clarifier les choses et d'y voir clair dans le magma de la gauche.
Là où Royal prend des positions dignes de la social-démocratie et ne renie pas des rapprochements avec le centre, Delanoë, lui se veut le garant de l'héritage socialiste et le gardien des alliances traditionnelles à gauche. Là où Delanoë privilégie les discours d'appareil et la politique paillette, Royal a elle toujours préféré s'adresser à la base quitte à prendre à revers une partie des sympathisants de gauche.
Il est grand temps que les militants et les électeurs de gauche sachent enfin où va le PS. Va-t-il continuer à se définir comme un défenseur des valeurs traditionnelles de la gauche, ou se transformer en parti social-démocrate qui renonce aux idéaux révolutionnaires pour une politique de réformes.
Pour toutes ces raisons le débat est souhaitable, mais aussi pour deux autres fondamentales. Vu le passé des deux protagonistes, il est fort probable qu'avec eux il reste digne et sans coups bas (enfin pas trop). En espérant que les cadors qui se tapissent dans l'ombre attendant leur heure, les Fabius, Hollande, Aubry ou Strauss-Kahn qui dans le passé n'ont pas toujours résistés aux plaisirs des petites phrases ou des bassesses, en espérant donc qu'ils se fassent discrets.
La dernière raison, c'est que même s'ils sont dans la politique depuis longtemps, ils n'ont jamais ni l'un ni l'autre occupé de postes d'envergure nationale, ou de ministères importants. Avec l'un ou l'autre, il y a de fortes chances que l'on voit apparaître au PS de nouvelles têtes et donc de nouvelles idées.