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15 mai 2008

De l'art de noyer les poissons.

En écoutant les informations ce matin qui mettent surtout l'accent sur le service minimum dans les écoles, je me suis énervé contre cette désinformation organisée, et j'ai donc décidé de republier mon message du 5 mai (mais aussi parce que comme je suis en grève et que je vais à la manif, j'ai peur de ne pas avoir de temps ni de courage pour écrire ce soir) :

Les syndicats ont prévenu, le mois de mai risque d'être difficile pour le gouvernement, et particulièrement dans l'éducation, puisque les lycéens, déjà dans la rue contre les suppressions de postes seront rejoints le 15 mai par le personnel enseignant, pour ce qui pourrait être une importante journée de mobilisation.

Xavier Darcos, ministre de l'Education, est donc la cible privilégiée des critiques. Mais voilà, en politique comme en stratégie militaire, lorsqu'on est acculé, la meilleure défense est l'attaque. Quoi de mieux donc pour faire oublier un peu dans l'opinion les colères dues à une gestion purement économique du système éducatif, que de lancer une autre patate chaude, celle du service minimum à l'école en cas de grève.

Et il faut dire que le coup est bien joué, puisque parfaitement relayer par les médias. Certes, il ne s'agit que de communication, mais le ministre tente ainsi d'apparaître comme le gentil, celui qui pense en premier aux familles qui seront gênées par la grève. Laquelle grève devient du même coup uniquement le moyen que les professeurs ont trouvé pour embêté les parents d'élèves, puisque c'est bien connu, en temps de grève, il n'y a que des citoyens pris en otages, et victimes de ces privilégiés de fonctionnaires.

Et pendant 15 jours, tout le débat sur les suppressions de poste dans la fonction publique en général et dans l'Education Nationale disparaît au profit de cette nouvelle polémique. Comme d'habitude, le gouvernement utilise son arme préférée celle de la division, dans le cas présent, il joue les parent d'élèves  et l'opinion en général contre les familles. Il faut dire qu'il ne peut pas justifier et défendre sa politique éducative, puisque si l'on en croit les sondages, celle-ci est, et à juste titre, rejetée par les Français. Il ne lui reste donc comme arme que celle de la diversion.

Seulement voilà, cette tactique est très risquée. C'est oublier, même si le discours gouvernemental et médiatique voudrait nous faire croire le contraire, que l'on ne fait pas grève par plaisir, que l'on accepte pas de perdre de l'argent comme ça, juste pour ne pas travailler (rappelons-le, les fonctionnaires lorsqu'ils font grève ne sont pas et n'ont jamais été payés). C'est oublier que lorsque l'on s'occupe d'enfants et que l'on aime son métier, faire grève une journée est quelque chose qui humainement et moralement coûte. Non, on ne fait jamais grève par plaisir, que l'on soit fonctionnaire ou pas, non, on fait grève par obligation, parce qu'en l'occurrence les politiques menées remettent en cause l'exercice même de la profession. Rappelons tout de même cette règle simple (puisqu'à l'heure de la désinformation permanente il faut tout rappeler), ce n'est jamais, absolument jamais le gréviste qui est responsable de la grève, mais son employeur. Soyons en sûr, l'immense majorité des enseignants préférerait le 15 mai être auprès de leurs élèves. De même qu'il est certain que le 15 mai, la majorité des Français continuera à les soutenir, renvoyant Mr Darcos à la seule réalité, celle du rejet de sa politique.

Et puis, en faisant mine de remettre en cause des acquis sociaux, Xavier Darcos prend un autre risque, celui d'attiser la colère des personnels de l'Education Nationale, et de renforcer la mobilisation.

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Commentaires
L
Entièrement d'accord, ce n'est pas une grève d'une journée qui permettra d'obtenir quoi que se soit. Par contre c'est un bon moyen pour mesurer la mobilisation en vue d'actions futures.
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C
Si j'en avais les moyens, je la ferais aussi, cette grève ! Et plutôt 2 fois qu'une !
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G
M. Darcos s'enlise sous ses maladresses et la division ne fonctionnera pas. Par contre, à mon avis, si la grève n'est que d'une journée, que va-t-on obtenir ? Rien...Les postes seront supprimées et tous les "projets" futurs passeront comme une lettre à la poste. Pour ma part, je serai en grève demain et je participerai à la manifestation avec les lycéens, mais nous sommes, hélas, dans mon établissement, un nombre infime de profs.
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