Les municipales à Mulhouse.
La ville de Mulhouse est un cas intéressant, une sorte de laboratoire de la pseudo-rupture sarkozyenne. En effet, Mulhouse est depuis plusieurs décennies un bastion socialiste dans la région la plus à droite de France. La présence des usines Peugeot y est certainement pour beaucoup. Mais voilà, au mois de juin dernier, le maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, déjà considéré comme étant à la droite du PS, décide de rejoindre le gouvernement Fillon. Émoi et trouble chez les socialistes locaux qui se divisent. Plusieurs d'entre eux suivent le maire quand il fonde son nouveau parti, La Gauche moderne, gadget servant à justifier la trahison, et qui n'a de gauche que le nom.
Mais pour une fois, la direction nationale du parti socialiste a été prompte à réagir. Dès septembre, la section est dissoute, une autre est créée dans la foulée et les nouveaux adhérents s'engagent à soutenir le candidat socialiste Pierre Freyburger aux municipales. Du coup, si certaines personnalités socialistes locales ont suivi Mr Bockel dans son aventure, beaucoup de militants sont restés, et on constate un afflux de nouveaux inscrits.
C'est dans ce contexte original, un peu déroutant pour les électeurs que vont donc avoir lieu les élections à Mulhouse. Avec d'un côté, Jean-Marie Bockel, maire sortant, ex PS, soutenu par l'UMP, le MODEM, le PRG et la gauche moderne. Il est clair qu'à l'automne tout le monde pensait évidente sa réélection. Sauf que depuis, Nicolas Sarkozy s'effondre dans les sondages, et avec cette chute, les raisons du ralliement de Mr Bockel apparaissent de plus en plus obscures. On peut également se demander quelle sera l'attitude de l'électorat UMP, qui n'a visiblement pas digéré de se voir imposer comme candidat l'homme qu'il combattait hier.
De l'autre côté, il y a le candidat soutenu par le parti socialiste, le PCF et le MRC, Pierre Freyburger. Le PS, quoique sonné par la trahison de sa figure locale, a su se remettre en marche. Mieux, il semble que le départ de Mr Bockel, avec lequel beaucoup de socialistes n'étaient plus en phase, est libéré les énergies militantes. Aujourd'hui, les socialistes sont redevenus combattifs, et si pour eux, récupérer la mairie paraît compliqué, ils posent des jalons pour des victoires futures. Cependant, ils devront composer avec une liste des verts, qui en Alsace réussissent parfois de bons scores, et deux listes d'extrême-gauche.
Il reste malgré tout une inconnue, celle du score de l'extrême-droite, qui obtenait à Mulhouse des résultats impressionnants, et a souvent par le passé réussi à imposer des triangulaires. Elle se présente divisée, et n'a, au final, guère d'espoir de bien figurer.
En résumé, la logique voudrait que Jean Marie Bockel soit réélu, mais l'histoire politique de la ville, et une certaine morale, laissent quelques espoirs à la gauche.
PS : cette analyse n'aurait pas été possible sans les articles, remarques et conseils du camarade Eric, militant à Mulhouse dont je vous donne l'adresse du blog : http://monmulhouse.canalblog.com.