Besancenot sera-t-il l'homme politique de demain ?
Il suffisait d'être dans la manifestation parisienne ce mardi, pour comprendre qu'il se passe quelque chose autour de la figure d'Olivier Besancenot. Certes, il a obtenu un score honorable à la présidentielle, et l'appel de la LCR à créer un nouveau parti est le seul parmi tous ceux émis à gauche, à recevoir un écho favorable. Mais cela n'explique pas tout, et si j'en crois mon intuition, Besancenot sera amené un jouer un rôle éminent dans la politique française dans les mois et les années à venir, et je vois à cela de nombreuses raisons.
En premier lieu, la LCR en général, et son leader charismatique en particulier bénéficient de la situation de vide idéologique chez les autres partis de gauche. Entre un parti socialiste qui hésite l'approbation de la plupart des réformes actuelles et une posture plus radicale, un parti communiste cliniquement mort, des écologistes qui n'en finissent plus de compter leurs divisions, une Arlette Laguiller réduite à faire alliance aux municipales avec ses ennemis socialistes d'hier pour continuer à exister encore, au milieu de tout cela, le discours clair, fort de Besancenot, en phase avec une partie du mouvement social, voire au-delà, ce discours reçoit un écho favorable, et est souvent perçu comme source d'espoir chez de nombreux salariés. De plus contrairement à Lutte Ouvrière qui a payé au prix fort son refus de voter Chirac en 2002, la LCR apparaît comme un parti attaché aux valeurs démocratiques.
En second lieu, la personnalité même du dirigeant de la LCR joue en sa faveur. Jeune, dynamique, il est aussi salarié à La Poste. Et il est évident que pour des milliers de personnes, quand il parle du monde du travail, il sait de quoi il parle. Ce qui reconnaissons-le, n'est pas le cas de la plupart des hommes politiques de gauche comme de droite.
Ensuite, je pense que la gauche radicale à un avenir devant elle pour des raisons plus conjoncturelles. La droite, pour prendre le pouvoir et le garder, a eu besoin de récupérer les voix du Front National. Elle a donc radicalisé son discours et ses méthodes. Logiquement, la radicalisation d'une partie de l'échiquier politique vers un discours d'ordre et de sécurité, entraîne en réaction le mouvement inverse dans le camp d'en face, vers plus de liberté de justice et d'équité. Surtout lorsque ceux qui sont censés défendre ces valeurs ont abandonné la partie. Il suffit de regarder ce qui se passe en Allemagne, le PSD, en s'alliant avec la droite et en créant la confusion idéologique chez une partie de son électorat, a créé un espace politique pour un nouveau parti à sa gauche. En appelant à la création d'un parti anticapitaliste, la LCR ambitionne surtout d'être le concurrent du parti socialiste à gauche.
Et puis, enfin, j'y vois une dernière raison, tactique celle-ci. Nicolas Sarkozy verrait à mon avis d'un bon oeil la montée de l'extrême gauche, fragilisant un peu plus le parti socialiste. Pour lui, la LCR pourrait être à gauche ce que le Front National a été pour la droite : une machine à perdre. Ce raisonnement me semble plausible chez un Sarkozy tacticien, mais il comporte cependant une faille : l'électorat de gauche est particulièrement celui de l'extrême-gauche, est un électorat politisé, contrairement à celui d'une parti de Front National, le vote Le Pen ayant souvent été un vote de rejet de la classe politique. Il me semble en plus que le vote Besancenot porte en lui des envies de changement de société qui n'étaient évidemment pas présent au Front National.